Palazzo – Eva Jospin – Onirisme et utopie s’exposent au Palais des Papes d’Avignon

À Avignon, le Palais des Papes présente, du 30 juin 2023 au 7 janvier 2024, sa Grande Exposition d’été au parcours onirique : Palazzo de l’artiste Eva Jospin. Une exposition temporaire où les sculptures monumentales et forestières réalisées en carton, se confondent à l'architecture des murs du Palais.

Palazzo, la grande expo 2023 au Palais des Papes Avignon

Eva Jospin, une artiste inspirée

Diplômée de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Eva Jospin (née en 1975 à Paris) compose depuis une quinzaine d’années des paysages forestiers et architecturaux qu’elle développe dans différents médiums. Lauréate du Prix de l'Académie des Beaux-Arts en 2015 et pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2017, elle a bénéficié de nombreuses expositions d’envergure internationale. 

Marie-Céline Solérieu a rencontré l’artiste.

Un palais gothique pour une exposition onirique  

Le projet, que l’on peut qualifier de monumental, trouve exactement sa place au Palais des Papes, plus important Palais gothique de l’Occident. Pour son exposition Palazzo, Eva Jospin a réfléchi à une ‘conversation’ avec le Palais pour créer un dialogue selon son inspiration. Avec de tels lieux du patrimoine, le dialogue avec l’art contemporain est primordial. C’est une façon de confronter des gens qui n’en ont pas l’habitude à l’art d’aujourd’hui. Il ne faut jamais oublier la part contemporaine du patrimoine qui ne l’est devenu que par le temps écoulé. Ce sont des gens bien vivants qui l’ont construit et l’ont vécu dans leur propre vie comme nous vivons la nôtre aujourd’hui. Se confronter au temps passé c’est mettre en parallèle un moment qui n’est plus mais qui reste une trace de ce que nous avons été.  

Les oeuvres d'Eva Jospin exposées comme un dialogue avec le Palais  

La scénographie de l’exposition s’articule de façon à, immédiatement, accompagner le visiteur avec une petite œuvre qui ouvre le parcours dès l’entrée par la Chapelle Saint-Jean. Dans les salles traversées à la suite, ce sont des maquettes en bois racontant la construction du Palais. Dans la salle du Camérier, une œuvre troglodyte avec des roches, des escaliers, des arbres, des arches, une sorte de maquette qui raconte le dédale à suivre, par la suite, dans tout le parcours de l’exposition. La montée en puissance dans le format des œuvres se fait crescendo. Dans la chambre du Tinel, trois grandes broderies de 10 mètres de long sur 3 mètres de haut chacune et en miroir de la Chapelle Saint-Jean, dans la Chapelle Saint-Martial dotée de peintures sublimement conservées, une œuvre, une grotte de bronze avec une sculpture polychrome dont les couleurs de patine imitent l’éponge, le coquillage, le végétal.

C’est dans la Cuisine Haute que le travail d’Eva Jospin sur le dehors-dedans est plus explicite. « Dans cette architecture de pierre, les murs sont identiques dedans et dehors. L’intérieur et l’extérieur du Palais est comme un gant qu’on pourrait retourner dans tous les sens ». Eva Jospin a fait ici deux œuvres avec les balcons qui sont le rappel de l’extérieur et de l’envahissement ainsi qu’une œuvre monumentale, empirique, une grande suspension profitant de la cheminée haute culminant à 22 mètres, impressionnante, mais sans obstruer la vision. Eva Jospin accompagne le lieu qui l’épaule, une sorte de dialogue dans sa quête d’art. Être portée par les espaces, épouser le lieu, être épaulé par lui est à la base de la recherche de l’artiste.

La Grande Chapelle abrite une œuvre monumentale adaptée à une chapelle elle-même gigantesque, vaste vaisseau de 52 mètres de long. Les correspondances se créent entre le bâti de pierre et le bâti de carton, autant de passerelles éblouissantes.

À l’issue du parcours, plusieurs extraits de films ainsi qu’une série d’images de la photographe Laure Vasconi offriront aux visiteurs un regard documentaire sur les coulisses de l’exposition, depuis le long travail de conception et de réalisation dans l’atelier parisien d’Eva Jospin jusqu’à l’impressionnant montage de ses œuvres au sein des espaces du Palais. Atelier Eva Jospin – 

Un rapport d’invention avec le matériau et la forme

« Ce n’est pas le matériau, mais le travail qui donne la noblesse de l’homme. »

Si l’artiste et l’artisan ont beaucoup en commun, l’artiste, lui, nous dit Eva Jospin, explore quelque chose qui n’a pas vocation à être transmis. C’est la logique de l’artiste, sa découverte. Intéressée par les artistes qui ont un rapport d’invention avec le matériau et la forme, la confrontation au matériau, à sa transformation, à la métamorphose, est fascinante. On peut faire n’importe quoi avec n’importe quel matériau, comme avec le carton. La modestie du matériau, sa simplicité, raconte que c’est la mode, le temps et l’imaginaire qui impriment quelque chose sur un matériau. Ce n’est pas le matériau, mais le travail, qui donne la noblesse des hommes. 

Le carton, le matériau de la liberté, un appel à la créativité

C’est la simplicité, la modestie de ce matériau, le carton, sa plasticité, qui séduisent Eva Jospin, un rebus transitoire qui n’impressionne pas, qu’on peut manipuler et reformer à profusion. Ce ne peut pas être fait avec la pierre. Pour Eva Jospin, c’est aussi le matériau de la liberté, un appel à la créativité. 

Informations pratiques, visite et horaires "Exposition Palazzo -Eva Jospin - Palais des Papes Avignon"

L'exposition se découvre lors de la visite du Palais des Papes, tous les jours de 9 h à 19h.
Du 30 juin 2023 au 7 janvier 2024 - Palais des Papes Avignon

Tarif plein : 16,50€
Tarif réduit : 14€
Tarif Séniors (à partir de 60 ans) : 15€
Tarif Pass : 14€
Gratuité : enfants en dessous de 8 ans – journalistes