Publié le 07/06/2023

Projection sur grand écran : Jeanne du Barry

Jeanne du Barry, réalisé par Maïwenn avec Johnny Depp, a fait l’ouverture du 76e Festival de Cannes et présenté en avant-première mondiale, hors compétition.  Il est le sixième long métrage de la réalisatrice depuis 2006.

critique du film Jeanne du Barry Maiwenn Jonny Depp a la cour

Jeanne du Barry, le dernier film de Maïwenn sorti dans le salles le 16 mai 2023 et présenté en ouverture « hors compétition » au Festival de Cannes 2023. Dans son nouveau film, la réalisatrice incarne elle-même l’héroïne éponyme aux côtés de Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pierre Richard, Pascal Greggory et India Hair. Le film, dédié à la vie, à l’ascension et à la chute de la favorite du roi Louis XV, sortira dans les salles françaises simultanément.

Jeanne du Barry - Synopsis

L'Histoire de Jeanne du Barry

Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.

Maïwenn et Jeanne du Barry

Une femme libre, c'est sexy !

— Maïwenn

Réalisatrice, scénariste, actrice et productrice, Maïwenn réalise son premier long métrage, Pardonnez-moi, en 2006. Son cinéma est déjà empreint d’une certaine réalité, s’inspirant librement de sa propre vie pour façonner ses personnages et ses intrigues. Quête identitaire, construction de soi et famille au sens large sont au cœur de son œuvre.

En 2011, la réalisatrice remporte le Prix du Jury du Festival de Cannes dès sa première sélection en Compétition, pour le film Polisse. Quatre ans plus tard, elle revient en Sélection officielle avec Mon Roi, pour lequel Emmanuelle Bercot remporte le Prix d’interprétation féminine.

Provocatrice, électron libre, rebelle, Maïwenn détonne dans le microcosme du 7ème Art, et son dernier film avec Johnny Deep, en guest star, sortant tout juste de son procès pour violences conjugales, en témoigne.

Jeanne du Barry, Génèse du film

En 2006, Maïwenn a vu Marie-Antoinette de Sofia Coppola et a immédiatement été fascinée par le personnage de Jeanne campée par Asia Argento.

Elle confie : "Je me sens immédiatement en connivence avec elle, elle me manque dès qu’elle quitte l’écran. Jeanne du Barry me séduit car c’est une looseuse magnifique."

"Peut-être parce que sa vie a des similitudes avec la mienne, mais ce n’est pas la seule raison. Je tombe amoureuse d’elle et de l’époque. Je me plonge dans une biographie très complète d’elle. Le désir de faire un film sur elle est immédiat mais va être contrarié pendant dix ans par un sentiment d’illégitimité à m’en emparer."

C’est après le tournage de Mon Roi (2015) que Maïwenn s'est sentie capable de s'attaquer au projet :

"Ma cinéphilie qui s’était renforcée au fil du temps et m’avait permis de savoir, à travers les films d’époque que j’avais pu regarder, ce qui me plaisait et me plaisait moins. 

Tout cela m’a permis de construire dans ma tête la manière dont je pourrais mettre en scène un film sur Jeanne du Barry, tout en ayant conscience de la quantité de travail que cela impliquait", se rappelle la cinéaste.

Et l'on peut dire que le résultat se voit à l'écran, avec les magnifiques costumes, la superbe photographie, le casting éclatant et l'écrin du Château de Versailles.

Barry Lyndon comme modèle

Côté mise en scène, Maïwenn a voulu faire un film au rythme relativement lent, jamais contraint par la reconstitution historique, bénéficiant d'images très proches des tableaux du 18e siècle et avec peu de gros plans ou de scènes trop découpées. Elle précise : "Bref, un cinéma à l’opposé de celui que j’ai fait jusque-là, où il fallait vraiment réfléchir les plans en amont au lieu de les créer sur le plateau."

"Habituellement, chez moi la technique s’adapte aux comédiens. Là, ça allait devoir être l’inverse. Je voulais que la star du film soit la caméra ! La lumière ! Le chef opérateur ! Il se trouve aussi que j’ai découvert sur le tard Barry Lyndon. Ça a été un choc titanesque. Et cela m’a confortée dans l’idée de ne pas casser les codes du classique pour en faire une mise en scène moderne", note la réalisatrice.

Jeanne du Barry, Tournage

Le tournage de Jeanne du Barry a en partie eu lieu au Château de Versailles. Il est possible d'y tourner uniquement le lundi, jour de fermeture au public, et dans des lieux très précis : les extérieurs, la Chapelle Royale, la Galerie des Glaces et le salon Hercule.

Maïwenn précise : "Dans les intérieurs, on n’a pas le droit aux bougies, à la fumée, à tout ce qui pourrait abîmer le lieu.

De vraies contraintes pour un directeur photo. Ce qui explique que j’ai choisi de reconstituer certaines scènes en studio car je voulais que rien ne puisse gêner le travail sur l’image. J'ai choisi donc de filmer à travers les yeux émerveillés de Jeanne, avec sa spontanéité et son innocence."

Jeanne du Barry, Casting

Mon Roi... c'est Johnny Depp

Maïwenn donne la réplique à Johnny Depp dans "Jeanne du Barry", ce film qu’elle a mis dix-sept ans à monter.

Cette belle histoire d’amour offre une belle réflexion sur la place des femmes et la façon dont elles peuvent prendre leur destin en main.

Avec Jeanne du Barry, Maïwenn s’attaque à un gros morceau face à un Johnny Depp très convaincant en souverain (deux acteurs français ayant refusé le rôle), et même si il a peu de dialogues, il donne à son personnage une certaine hauteur, sa présence sur chaque plan étant magnétique.

Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie Française leur vole parfois la vedette en valet dévoué. Drôle, intelligent et bienveillant, il donne à son rôle une ampleur innatendue.

Pierre Richard, dans le rôle du Duc de Richelieu, tire également son épingle du jeu tout en sobriété et finesse.

Quant à Maïwenn, elle est non seulement convaincante dans le rôle d'amoureuse du Roi, mais joue parfaitement également cette femme libertine et courtisane, qui n'a pas froid aux yeux et lance des modes...comment s'habiller en garçon au XVIIIeme siècle.

Jeanne c'est moi...

Il faut féliciter l'audace et l'ambition... Jeanne du Barry en a eu dans sa vie et le film en a également....

Réaliser un film d'époque et de costumes n'est pas donné à tout le monde.

A ce titre, il faut reconnaître à Maïwenn ce courage et un certain talent. On trouvera toujours ici et là quelques défauts, quelques lenteurs, mais au final on assiste à un grand spectacle visuel, la pellicule 35 mm vous en mettra plein la vue, avec en prime d'excellents acteurs, et une mention spéciale pour Benjamin Lavernhe.

C'est du cinéma pour grand écran et on aime ça, et en plus c'est une belle histoire d'Amour, le public jugera...