Publié le 24/11/2016

Opéra de Nice : Le Requiem de Fauré pour commémorer les évènements des 11 et 13 novembre

“Des hymnes rédempteurs”
Pour commémorer les évènements des 11 et 13 novembre, l’Opéra de Nice a proposé deux œuvres pour orchestre de grande portée symbolique, l’Hymne à la justice de Magnard et le Requiem de Fauré.

A la direction musicale de l’Orchestre Philharmonique de Nice, Laurent Campellone nous a présenté en première partie une musique malheureusement trop peu connue du compositeur Alberic Magnard, tué sous les balles allemandes en 1914.
L’hymne à la justice est un message politique de son compositeur, ardent humaniste et défenseur des droits de l’Homme… et des Femmes : Il est en effet l’un des premiers à réclamer le droit de vote pour les femmes.
Aussi n’est-il pas étonnant de le retrouver auprès des Dreyfusards et d’Emile Zola lors de la publication de son fameux “J’accuse“.
Magnard écrit cet hymne en soutien moral à Dreyfus, laissant dans son expressivité artistique triompher la justice qui éclate en une apothéose musicale.
Une œuvre courte, à peine 15 minutes, mais si forte, qui a été retransmise avec brio par les musiciens de l’Orchestre de Nice sous l’impulsion de Laurent Campellone.

La seconde partie a été consacrée à une des plus belles œuvres musicales françaises, le Requiem de Fauré, œuvre parmi les œuvres, écrite pour orchestre, voix d’enfants et chœur par le compositeur alors maître de chapelle de l’église de la Madeleine à Paris. Elle sera ensuite retravaillée pour être enfin celle que nous connaissons aujourd’hui, la version du 12 juillet 1900 jouée au Palais du Trocadéro lors de l’Exposition Universelle. Cinq ans après, Gabriel Fauré sera nommé directeur du Conservatoire de Paris puis membre de l’Institut de France.

Le message de Fauré est tout intériorité et tend vers l’idéal musical ; son œuvre est d’une grande pureté qui lui fait dire de son requiem : “Il n’exprime pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort…c’est ainsi que je sens la mort, comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au delà, …plutôt que comme un passage douloureux.
C’est en effet le message qui passe tout au long de son œuvre et qui est sublimé par l’aria du “Piu Jesu“, une des plus belles pages de la musique française, soyons en certain.

Une seule remarque à ce concert, le choix des interprètes. Pourquoi ne pas respecter les tonalités et la couleur de l’œuvre qui, dans sa volonté d’écriture, se veut d’un autre monde où l’angélisme prévaut sur le commun ? Bien sûr, c’est une approche on ne peut plus personnelle qui n’entache en rien la belle interprétation de l’Orchestre Philharmonique de Nice et du Chœur Régional de Michel Piquemal sous la direction de Laurent Campellone.

Enfin, j’aimerais laisser la parole à Gabriel Fauré : “ Pourquoi ce requiem ? …pour rien… pour le plaisir si j’ose dire… peut être aussi d’instinct chercher à sortir du contenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! “.

 

Béatrice et Jacques Gernez Correspondant Côte d'Azur de Menton à Toulon Secrétaire général fondateur de la Presse Musicale Internationale Membre de l'Académie du Disque Lyrique  Béatrice et Jacques Gernez
Correspondants Côte d’Azur de Menton à Toulon