Publié le 20/10/2017

“Mam’Zelle Nitouche” Ouvrage en création scénique à l’Opéra de Toulon

Mam'Zelle Nitouche - avec Lara Neumann, Damien Bigourdan, Samy Camps , Miss Knife alias Olivier Py. L

A chacun sa révolution ! “Mam’Zelle Nitouche”, retour sur la création scénique de l’Opéra de Toulon .

“En 1847, j’étais engagé comme acteur lyrique et n’avais pas d’appointements, heureusement je cumulais avec la place d’organiste de l’orgue de Saint Eustache !”
Ainsi, Mam’zelle Nitouche n’est autre qu’une opérette autobiographique de son compositeur Hervé, de son vrai nom Louis-Auguste-Florimond Ronger, ce qui n’est pas sans nous rappeler Floridor, l’organiste du couvent des hirondelles !

Hervé est un compositeur, auteur dramatique, acteur, chanteur, metteur en scène et directeur de troupe français.
Avec le fantaisiste Joseph Kelm, il compose en 1847 une pochade, Don Quichotte et Sancho Pança, considérée comme la première “opérette”. Chef d’orchestre de l’Odéon puis directeur du théâtre du Palais-Royal, il programme des œuvres de jeunes musiciens comme Jacques Offenbach ou Léo Delibes.

Mam’Zelle Nitouche a été créée au Théâtre des Variétés à Paris en 1883, sur un livret d’Henri Meilhac et Albert Millaud. Ce vaudeville conte l’histoire d’un organiste respectable, Célestin. Il enseigne la musique religieuse dans un couvent pour jeunes filles de bonnes familles et se transforme le soir en compositeur à succès de musique légère et de chansonnettes, ce qui bien évidemment est moins recommandable ! Il a pour élève la jeune et malicieuse Denise de Flavigny, promise à un mariage familial arrangé comme c’était souvent le cas à l’époque. Suite à un enchainement de situations vaudevillesques, elle devient le temps d’un soir une chanteuse à succès qui séduit sous ce déguisement son propre fiancé, le beau lieutenant des dragons Fernand de Champlatreux.

Cette nouvelle production est une initiative du Palazzetto Bru Zane en coproduction avec les opéras de Toulon, d’Angers Nantes Opéra, Limoges, Rouen et Montpellier. Le Palazzetto Bru Zane est un centre de musique dont le but est de promouvoir la musique romantique française. Il est installé à Venise dans un palais du XVIIème depuis 2009 et sa mission est un peu similaire à celle du Centre de musique baroque de Versailles : faire redécouvrir des œuvres méconnues et des compositeurs oubliés du répertoire romantique français.

La mise en scène, la scénographie et les costumes de Pierre-André Weitz nous entrainent d’une façon on ne peut plus libertine d’un couvent austère dans l’univers élégant et cossu d’un cabaret provincial. Ils avantagent au mieux l’histoire légère et burlesque d’Hervé. L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Toulon, placés sous la direction musicale de Jean-Pierre Haeck, ont très bien servis l’ouvrage musical. Le rôle de Denise de Flavigny a été chanté avec une irrésistible coquinerie par Lara Neumann. Le rôle de Célestin quant à lui a été joué par Damien Bigourdan et le Vicomte Fernand de Champlâtreux par Samy Camps. A mentionner également La Supérieure et Corinne chanté par Miss Knife alias Olivier Py qui a joué également le rôle de Loriot ; enfin le rôle du major comte de Château-Gibus a été interprété par Eddie Chignara.

Hervé a eu le privilège de rencontrer Richard Wagner à l’occasion d’un diner parisien. Ils deviennent les meilleurs amis du monde. “J’écris mes livrets moi-même” lui dit Richard Wagner, “car je n’ai trouvé personne qui puisse comprendre mon esthétique”. “Et bien moi aussi” répliqua Hervé, “je procède comme vous : je fais mes livrets moi-même, mais pour des raisons différentes”, Richard Wagner rit, s’esclaffe.
Rentré en Allemagne, l’auteur de Lohengrin, interrogé sur ce qu’il pensait de la musique française répondit : “Un musicien français m’a étonné, charmé, subjugué : ce musicien, c’est Hervé”.

Morale de l’histoire : “bien que se reproduisant en couvent, une hirondelle ne fait pas le printemps…à chacun sa révolution !”

Pour suivre la programmation de l’opera de Toulon : www.operadetoulon.fr

Credit Photo à la Une : Opéra de Toulon