Publié le 11/03/2021

La longue et prestigieuse histoire du Printemps des Arts de Monte-Carlo

Fondé en 1970 à l’initiative de la Princesse Grace, le Festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo est à son origine un festival de musique, qui se déroule chaque année avec l’arrivée des beaux jours. Depuis 1984, le Festival est présidé par S.A.R. la Princesse de Hanovre, qui en a confié en 2003 la direction au compositeur Marc Monnet. Tourné vers la création contemporaine, l’événement a contribué depuis un demi-siècle à faire de la Principauté un lieu pour tous ceux qui ont un goût pour la diversité des expressions artistiques. Découverte de son histoire ….

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Musiques du XIème au XXIème siècle, symphonies, opéras, récitals, performances, théâtre, danse, arts plastiques, la diversité des expressions artistiques est le maître mot de la scène culturelle de Monte-Carlo, dont le festival du Printemps des Arts, l'un des plus prestigieux festivals de musique, de théâtre, de l'art au pluriel, est un acteur historique.

La création en 1970 du Festival international des arts de Monte-Carlo, sous le haut patronage du Prince Rainier III et de la Princesse Grace, et sous la présidence effective de la Princesse Grace, était alors le fruit de la réunion des Concerts du Palais princier et des Ballets de Monaco. Un communiqué de presse en date du 15 décembre 1969 annonce le nouvel événement comme étant tout à la fois "la consécration et le prolongement de ces manifestations musicales et chorégraphiques, auxquelles s’ajouteront des représentations théâtrales données par la Comédie-Française." Durant quatorze saisons, le Festival va rayonner, en été pour les neuf premières éditions (1970-1978), puis en hiver pour les cinq dernières (1978-1983).

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Festival Printemps des Arts 2009 - Nuit Rouge - Stimmung, pour six voix - Neue Vocalsolisten Stuttgart

Daniel Barenboïm, Ruggero Raimondi, furent les premiers solistes à se produire au festival… En 1973, pour la quatrième saison, le Festival Printemps des Arts s’ouvre par une création, celle de La Reine morte, le huitième et dernier opéra du compositeur italien Renzo Rossellini qui venait d’être nommé en 1972 directeur artistique de l’Opéra de Monte-Carlo. Inspiré de l’œuvre de Montherlant qu’il suit fidèlement, l’opéra rend un hommage au grand écrivain qui s’était suicidé un an plus tôt.

1974 : Célébration du 25ème anniversaire du règne du Prince Rainier III

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Festival Printemps des Arts 2005 - Machine infernale - Mauricio Kagel - Zwei-Mann Orchester

À l’occasion de cette célébration sont présentées trois créations mondiales dont Proust ou les Intermittences du cœur, un ballet en deux actes de Roland Petit, chorégraphié pour les Ballets de Marseille qu’il venait de fonder en 1972 et qu’il dirigera pendant vingt-six ans. La neuvième et dernière édition estivale du Festival avait débuté par le Ballet de l’Opéra de Budapest pour quatre représentations comprenant : L’Oiseau de feu de Stravinski, dans la chorégraphie de Maurice Béjart.

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Festival Printemps des Arts 2017 - Monaco Music Forum - Ouverture - Léa Montravers ( performance)

Les plus grands artistes de la planète musicale sur la scène monégasque

Au fil des festivals, les affiches ne cessent d’impressionner : Yehudi Menuhin, Jean-Pierre Rampal, Renata Scotto, Montserrat Caballe, Nikita Magaloff, le Quatuor Juilliard, Yo-Yo Ma, Rostropovitch, Vladimir Ashkenazy, Anne-Sophie Mutter, Radu Lupu, Luciano Pavarotti… Le plus fidèle des Chefs d’orchestre demeure Paul Paray (1970, 1972, 1975, 1977), alors doyen des grands chefs français de l’époque, parmi les autres : Lorin Maazel, Zubin Mehta, Georges Prêtre.

Se joignent à l’orchestre monégasque des artistes solistes de grande renommée. Les pianistes sont les plus nombreux : Claudio Arrau, Vladimir Ashkenazy, Robert Casadesus, Aldo Ciccolini, Philippe Entremont (1977), Annie Fischer, Gabriel Tacchino, Alexis Weissenberg.

Le Festival accueille les plus grandes voix : Teresa Berganza, Montserrat Caballé (1978), Birgit Nilsson, Galina Vishnevskaya… Outre le violoncelliste Mstislav Rostropovitch (1970, 1974, 1976) et le violoniste Nathan Milstein (1972, 1974, 1976, 1978), que le public monégasque peut régulièrement applaudir.

Le théâtre fut un temps très présent pour le festival Printemps des Arts

Au cours des années 1970, le festival Printemps des Arts se fraya un chemin du côté du théâtre : plusieurs pièces sont représentées par la Comédie-Française (1970, 1971), par la Compagnie Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (1972) et par le Tréteau de Paris (1974), comme Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, Si Sacha nous était conté, une pièce écrite par Alain Decaux et Jean Piat, avec le concours de Geneviève Casile et Jacques Toja. Le Théâtre de pantomime de Wrocław (1972), une soirée (avec souper) en compagnie de Danny Kaye dirigeant l’Orchestre National de Monte-Carlo.

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Festival Printemps des Arts 2018 - Bruno Mantovani - Abstract* pour violoncelle et orchestre - Chorégraphie de Jean-Christophe Maillot (création) - Compagnie des Ballets de Monte-Carlo

Si après 1974 le théâtre est abandonné, le cinéma fait son apparition au Festival en 1975 avec la projection, en avant-première sur la Côte d’Azur, du film anglais Paper Tiger réalisé par Ken Annakin, avec David Niven, venu en voisin de Beaulieu-sur-mer… En 1972, La Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo accueillera un show insolite : celui de Jerry Lewis !

Le retour du théâtre parent pauvre depuis 1974

La nouvelle organisation du Festival permet de renouer avec le théâtre qui avait été négligé depuis 1974. Les spectacles choisis suivent de très près l’actualité parisienne en ce domaine, en particulier la programmation de la Comédie-Française. Le public monégasque peut ainsi applaudir L’Aiglon d’Edmond Rostand, avec Jean Davy, Jean Martinelli et Roland Jouve (1978) ; Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, avec Micheline Dax, Jacques Ardouin (1979), Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, avec Roland Jouve, Régine Blaess et Jean Weber (1979), Siegfried de Jean Giraudoux, avec Simone Valère et Jean Desailly (1982).

festival printemps des arts monaco 2016
Festival Printemps des Arts 2016 - Portrait Mahler - Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo - Daniel Harding (direction)

En 1981, le public avait ovationné Elvire Popesco dans La Mamma d’André Roussin : âgée de quatre-vingt-neuf ans, l’ex-sociétaire de la Comédie-Française avait décidé de faire ses adieux à la scène en entreprenant une tournée mondiale dans ce rôle qu’elle avait créé en 1957. Le temps passe, le théâtre reviendra de nouveau, bien plus tard : Pierre Dux et Denise Gence se produisirent dans Les Chaises de Ionesco en 1989, Geneviève Casile en 1996, Laurent Terzieff en 1997, le duo Michel Bouquet-Claude Brasseur dans une poignante confrontation imaginaire entre le chef d'orchestre Furtwängler et un officier de l’armée américaine en 2001, suivront Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, et la pièce Art, chef-d’œuvre de Yasmina Reza, avec Pierre Vaneck, Pierre Arditi et Fabrice Luchini

En 1989 le festival Printemps des Arts développe le volet Arts plastiques

Accordeon entre au Printemps des Arts avec Richard Galliano Copyright VLR
L'Accordéon entre au Printemps des Arts avec Richard Galliano ©VLR

Des sculptures furent installées dans les jardins dès 1989 à l’instigation de la galeriste newyorkaise Marisa Del Re. Ainsi, Fernando Botero fut à l’honneur en 1999 dans toute la principauté. Le festival Printemps des Arts avait plus d’un tour dans son sac pour impressionner les amateurs d’art moderne. En 1992, Antoine Battaini laissa sa place de directeur artistique à Rainier Rocchi alors Directeur des Affaires culturelles qui mettra à l’honneur l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, et actualisera la programmation et en faisant apparaître le jazz avec Didier Lockwood. Au 3ème millénaire, Marc Monnet redonnera ses lettres de noblesse à l’accordéon qui entrera au Printemps des Arts avec le Maestro : Richard Galliano.

Un tremplin pour les « jeunes pousses » !

Outre la venue des plus grands noms à Monaco, la vocation du festival sera de lancer de « jeunes pousses » qui ont fait leur début au festival Printemps des Arts comme : Repin, Vengerov et plus près de nous Cecilia Bartoli. Beaucoup ont été marqués par la découverte du baryton Thomas Quasthoff. En parallèle des grands solistes, le Printemps accueillit également des orchestres de renommée mondiale : le Philharmonique de Los Angeles dirigée par André Prévin en 1987, le Symphonique de Berlin dirigé par Riccardo Chailly en 1988, la Philharmonique tchèque dirigée par Václav Neumann en 1990, le Philharmonia de Londres dirigé par Lorin Maazel en 1997…

L’aventure en majuscule ne faisait que commencer…

En 2003, c’est le grand chamboulement, avec l’arrivée à la direction artistique du musicien et compositeur Marc Monnet. Grâce à lui, le festival atteint la notoriété qu’il a aujourd’hui. L’audacieux nouveau directeur redéfinit l'identité sonore du festival Printemps des Arts : la musique classique côtoie désormais la musique hyper contemporaine. Marc Monnet ne se cantonne pas aux salles classiques de concert, mais réquisitionne des lieux nouveaux et parfois insolites comme des parkings ! La plus grande originalité est sans conteste la création du « Voyage surprise » qui emmène le public en bus ou en train dans des lieux insolites pour des concerts tenus secrets ! Un des grands noms que l’on peut retenir de ces dernières années est celui de Pierre Boulez qui enchanta, étonna, le public de la Salle des Étoiles du Sporting d’été avec l'Ensemble Intercontemporain qu’il dirigea pour le festival, en 2006.

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Festival Printemps des Arts 2012 - Marc Monnet - Soirée “bling bling classic” - À vos accessoires pour cette soirée où l'excentricité sera reine

Marc Monnet invite les plus grands orchestres d’Europe en Principauté

En particulier, en 2012, où le festival accueillera le London Symphony Orchestra, le Tonhalle-Orchester Zürich et le Sächsische Staatskapelle Dresden qui joue les symphonies de Bruckner. Les dernières années du XXème siècle furent marquées par la fin de la série des opéras baroques pour faire place à des créations d’opéras comme Dorian Gray de Lowell Liebermann, en 1996 d’après l’œuvre sur l’homosexualité supposée d’Oscar Wilde, Des Saisons en enfer de Marius Constant, en 1999, ou encore Cécilia de Charles Chaynes, en 2000. Le festival recherche aussi des influences culturelles multiples, avec par exemple la venue du Ballet Royal du Cambodge et l'Orchestre du Théâtre Mariinsky dirigé par Valeri Guerguiev, en 2013, Les Derviches Tourneur venu de Turquie (inoubliables), en 2011, et l'Orchestre symphonique kimbanguiste en 2013, que l’on reverra au Festival de 2017…

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Festival Printemps des Arts 2011 - Danser l’ivresse de la foi - Derviches Tourneurs - The Whirling Dervishes of Turkey - Istanbul Music and Sema Group

Chaque année le Festival Printemps des Arts compte plus de 500 artistes invités

A l’affiche chaque année c'est environ 30 concerts, devant plus de 10 000 spectateurs, une centaine de journalistes accrédités en presse écrite et audiovisuelle, française et internationale et ce dans les salles de spectacle mythiques de la Principauté… Le public découvre les artistes dans un environnement unique : la Salle Empire de l’Hôtel de Paris, La Salle Garnier, La Salle des Étoiles du Sporting d’été, le Musée Océanographique, l’Auditorium Rainier III, ou encore le Théâtre des Variétés.

Photo à la Une : Festival Printemps des Arts 2019, Karlheinz Stockhausen - Oktophonie une musique dans l'espace, Un espace sonore inouï avec danseurs et autres surprises (Augustin Muller : projection sonore)