Publié le 23/12/2017

Jean-Pierre Cramoisan : Narrateur du fabuleux et de l’inconscient

Lire Jean-Pierre Cramoisan n’est pas un exercice de tout repos. Ne vous risquez pas à prendre son bouquin sous le bras en métro pour éviter les passages véloces des sempiternels panneaux publicitaires, le nez dans des pages noircies à la va-vite. Non.

Jean-Pierre Cramoisan est un auteur qui s’apprécie, dont on goûte les mots en salivant au plaisir de connaître la suite. Cet écrivain est un homme de lettres à part : torturé à la manière d’un psychanalyste, fantasque à la manière d’un philosophe, farfelu, grave mais tendre, désarmant et tellement normal. Si ses écrits peuvent être étranges, sombres, tristes, émouvants, facétieux, sinistres, étonnants, terribles, frisant parfois le cynisme, ou enjoués, espiègles, superbes, brillants, humanistes, somptueux, merveilleux, ils sont toujours passionnants, prenants, captivants : l’apanage d’une grande culture, d’un art maitrisé, le témoignage d’une sensibilité doublée de lyrisme. La plume virevolte avec ardeur et application ; le style est riche, lumineux. Jean-Pierre Cramoisan est un poète.

Jean-Pierre Cramoisan Virtuose de la plume et de l’âme

Né en 1948 à Bois-Colombes, Jean-Pierre Cramoisan est l’auteur de romans, Les quais de cendre, Le cycle de la viande… mais aussi de nouvelles, Les fantômes ont toujours soif, La trilogie du miroir… Il a été correspondant dans divers quotidiens et revues en tant que critique d’art et de théâtre. Il est également peintre et a exposé jusqu’en 1998 dans de nombreuses galeries d’art contemporain en France et à l’étranger.
« Quintologie du miroir ou les Frasques métaphysiques du chat Grigri »
« Une quintologie, c’est l’ensemble de cinq œuvres littéraires qui se font suite et sont reliées par un même thème »

Après avoir lu son « Ostreia », paru en 2012, et d’autres livres encore du même écrivain, je me suis laissée emporter par ce recueil de nouvelles, un peu par parti pris je l’avoue –j’avais adoré Ostreia– mais aussi par esprit critique. Qu’allait-il encore me faire découvrir ? Son esprit bouillonnant, fantaisiste, fantasque même, allait-il encore assouvir ma transe de lectrice en mal d’intelligence ? Allais-je retrouver cette conscience aigüe du rythme, cette mélodie de la sémantique, cette originalité du texte ? Difficile d’écrire des nouvelles ! Comment se dépatouiller du fil conducteur, de la chute ? De l’absence de conclusion, de morale ? J’avais hâte !