Publié le 03/05/2020

François David père spirituel du recueil “Voyages Immobiles en temps de confinement”

À l’initiative de Patrick Coulomb journaliste et éditeur avec sa maison The Melmac, du romancier Jean-Paul Delfino, et de l’association “Parlez-moi d’un livre”, François David, auteur et organisateur du Festival du livre de Marseille, vient de sortir un recueil de nouvelles autour du confinement “Voyages immobiles en temps de confinement”. Touché par le coronavirus, il souhaite rendre hommage au personnel soignant par cet ouvrage préfacé par Michel Drucker, où 40 auteurs le rejoignent dans cette aventure de solidarité.

François David auteur de "Voyages immobiles en temps de confinement"

Il se nomme François David. On l’appelle Fanfan. Ce ‘foutu’ Corona virus a manqué nous priver d’un ami, un homme au franc-parler, dynamique, sympa, modeste, à la générosité vraie, amoureux de culture et ouvert au monde. Très médiatisé lors de son hospitalisation due au Covid 19, il nous revient en pleine forme, prêt à affronter la somme de travail qui l’attend. Vice-Président d’AMS, association des médiateurs sociaux, il œuvre également aux côtés des EHPAD de l’Entraide et prépare avec Laurence Guglielmo, sa compagne, le grand salon du livre, un festival de grande renommée, qui aura lieu en décembre 2020 au Parc Chanot à Marseille. Terriblement marqué par son séjour à l’hôpital et le dévouement du personnel hospitalier, Fanfan, à l'initiative de Patrick Coulomb journaliste et éditeur avec sa maison The Melmac, du romancier Jean-Paul Delfino, et de l'association "Parlez-moi d'un livre", est à l’origine d’un projet symbolique, un recueil de nouvelles signées des plus grands auteurs : « Voyages Immobiles en temps de confinement ».  Confinement oblige, c’est par téléphone que nous nous entretenons :

Projecteur TV-Danielle Dufour-Verna : Bonjour Fanfan. Merci de m’accueillir virtuellement. Comment allez-vous ?
François David : Très bien maintenant, et énormément de travail avec le recueil que nous essayons de sortir le plus rapidement possible. Une quarantaine d’auteurs. Il faut tout mettre en place, tout finaliser. On a reçu les derniers textes ce matin.

Voyages Immobiles en temps de confinement

« La fille qui bosse au Coronavirus… »

Projecteur TV DDV : L’idée vient de vous ?
François David : Oui, l’idée est partie d’une discussion entre Jean-Paul Delfino, l’auteur, et moi-même. Je lui racontais ce qui s’était passé lors de mon hospitalisation et combien ces aides-soignantes, ces infirmières étaient, bien sûr, d’un professionnalisme hors pair, mais surtout d’une attention particulière, d’un dévouement incroyable. Et puis, il y a le danger. J’étais super malade, j’avais près de 40 de fièvre. Elles viennent te changer deux fois les draps parce que tu as transpiré. Je dis toujours : -c’est cette petite aide-soignante qui normalement bosse 12 heures mais qui ne bossait que 8 heures car elle est seule avec sa gamine de quatre ans et personne ne veut la garder parce que c’est ‘’ la fille qui bosse au coronavirus’’. Tout cela m’a fait craquer et en sortant je me suis dit ‘il faut que je fasse quelque chose pour eux’. Je suis dans le milieu de l’édition depuis 25 ans. J’organise des festivals de livres. Je voulais mettre à l’honneur les soignants mais pas seulement. L’intégralité de la vente de ce recueil sera reversée à une association pour le service de l’Hôpital pour Enfants de la Timone.

Projecteur TV DDV : Vous parlez de *‘Hope Project’ l’association dont s’occupe en partie le Professeur Michel Tsimaratos ?
François David : Tout-à-fait.

Projecteur TV DDV : Parlez-moi de votre parcours
J’étais en équipe de France de Judo, Sport-études. J’ai travaillé par la suite aux éditions Filipacchi, Paris-Match etc. j’ai quitté Filipacchi et j’ai fait un tour du monde pendant un an. Je suis entré par la suite à l’Hôtel Ritz comme chauffeur et garde du corps. Ils cherchaient des gardes du corps pas forcément voyants. Si tu mets un mec de deux mètres devant le roi chinois de la carte postale, c’est comme si tu lui mettais un gyrophare sur la tête. Ils voulaient des gens qualifiés. J’ai fait cela pour me marrer et je suis resté deux ans. J’ai été débauché par une milliardaire au service de laquelle je suis resté pendant un an et demi, débauché par la suite par l’éditeur Bernard Fixot, le gendre du Président Giscard d’Estaing, patron des Editions Robert Laffont. Le lien est là.

François David et Jacques Dormesson
François David et Jacques d'Ormesson

« C’est avec Laurence et l’Association ‘Parlez-moi d’un livre, que nous avons commencé les conférences »

Projecteur TV DDV : Et votre amour des livres...
François David : Cela a toujours été. A Paris-Match je m’occupais déjà de la promo. J’ai bossé 25 ans chez Laffont. Je m’occupais des auteurs. J’ai commencé comme chauffeur de Bernard Fixot et je m’occupais également des auteurs délicats. Quand cela craignait un peu, au lieu de prendre un garde du corps, c’est moi qui le faisais. Il y a vingt ans, Bernard Fixot a créé les Editions XO et m’a nommé représentant des Editions Robert Laffont pour tout le sud de la France. Je faisais des salons pour Laffont. Mais c’est en rencontrant Laurence, ma compagne depuis cinq ans, qui avait monté l’association * ‘Parlez-moi d’un livre’ que nous avons commencé les conférences. Nous allons dans les hôpitaux, nous faisons des rencontres avec les auteurs. L’année passée, nous sommes allés deux fois à l’Hôpital Saint Joseph à Marseille, pour des rencontres avec les patients et les soignants, notamment avec, par exemple, Florence Quentin, éminente égyptologue ou encore Serge Scotto pour parler de Pagnol. Nous allons dans un Ehpad une fois par mois, faire un atelier pour nos anciens. Et également dans les écoles, avec des auteurs, pour leur prouver qu’un auteur, ça ne mord pas !

François David et Jacques Chirac
François David et Jacques Chirac

« J’ai beaucoup de chance de vivre à Marseille »

Projecteur TV DDV : Vous sentez-vous plus vulnérable avoir subi ce problème du Covid 19 ?
François David : Non j’ai beaucoup de chance d’être là, un Parisien vivant à Marseille. J’ai beaucoup de chance d’avoir été admis à l’Hôpital de la Timone, parce que ce sont des très bons. Je suis allé dans le meilleur service où je pouvais être. Dès que je suis rentré on m’a demandé si j’étais d’accord pour prendre de la chloroquine. Bien sûr que oui ! J’ai eu un électrocardiogramme en entrant, une prise de sang etc. Cela fait trente jours que je suis rentré et tous les jours jusqu’à aujourd’hui je devais remplir un formulaire sur internet. J’ai été appelé par un cardiologue la première semaine, par un diabétologue… C’est très carré. On n’est pas laissé à l’abandon. J’étais dans le meilleur endroit pour être soigné.

Projecteur TV DDV : Peur de la mort ?
François David : Jamais, non, jamais.

« C’est son traitement qui m’a soigné. »

Projecteur TV DDV : Que pensez-vous de ce que l’on pourrait prendre pour une cabale contre le Professeur Raoult ?
François David : Je ne suis pas médecin mais je pense que c’est ce traitement qui m’a soigné. Je ne suis pas en surpoids mais j’ai eu un infarctus et je suis diabétique. Ma charge virale était à 0 au bout de six jours. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai eu par la suite des complications de pneumopathie. Quand tu as 40 de fièvre pendant près de 10 jours…. J’ai fait le tour du monde dix fois. J’avais déjà pris ce genre de médicament. A la première prise tu as mal au cœur, mais il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Il y a un continent qui en prend depuis cinquante ans, c’est l’Afrique. J’ai déjà vécu une longue maladie et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait un 360° dans ma vie professionnelle. Je sais ce que c’est de prendre un médicament. J’ai été soigné en trithérapie pour une hépatite C qui, normalement, n’était pas guérissable. J’ai eu un protocole de médicaments très lourd pendant 10 mois. C’est de la rigolade, je dis bien, peur de la chloroquine associée à un antibiotique ? Cela me fait rire.

Projecteur TV DDV : Qu’espérez-vous pour l’Hôpital public ?
François David : Leur revendication est sérieuse. Ils sont en manque de tout, j’ai l’impression. On a un hôpital avec des médecins au top niveau mais la petite aide-soignante qui gagne 1200 euros par mois et qui fait 12 heures par jour…

Projecteur TV DDV : Michel Tsimaratos l’explique clairement dans son livre ‘Repenser l’Hôpital’.
François David : Bien sûr, il faut sauver l’hôpital. Il n’y a pas que l’oseille, il n’y a pas que l’argent. Six mois après la catastrophe du corona, n’oublions pas ce qu’ils font.

« 40 auteurs pour le recueil »

Projecteur TV DDV : Les auteurs ont-ils immédiatement adhéré à ce recueil ?
François David : J’ai la chance de connaître énormément d’auteurs puisque je suis dans le milieu depuis plus de 25 ans, j’ai demandé à des auteurs amis. Tous ont accepté immédiatement. Je reçois encore plusieurs SMS par jour pour me demander d’en faire partie. Mais on ne peut pas prendre tout le monde. Nous en avons sélectionné 40. Il y a de grands noms. On a voulu que cela ressemble à l’association ‘Parlez-moi d’un livre’ où il y a un livre pour tous. Dans ce recueil, il y a un auteur pour tous, une histoire pour tous.

Projecteur TV DDV : Les auteurs seront-ils présents pour le salon de décembre ?
François David : Oui je l’espère, pour la plupart. J’espère que le Professeur Raoult sera là puisqu’il a écrit deux bouquins et je veux mettre à l’honneur les infirmiers et les infirmières.

Projecteur TV DDV : la parution numérique est imminente, et la parution papier ?
François David : Aucune idée.

Projecteur TV DDV : Une idée du prix ?
François David : Sur internet en numérique environ 5€. En papier, le prix d’un livre, le moins cher possible mais il y a la fabrication etc. Les auteurs ne prendront pas un centime. Il y aura des dessins de presse à l’intérieur et une préface de Michel Drucker. C’est une idée marseillaise, avec aussi des auteurs marseillais. Il y a même un rappeur qui me donne un texte.

« Le Festival du livre de Marseille, un salon populaire de qualité »

Projecteur TV DDV : Qu’en est-il du salon du livre ?
François David : Nous avons eu un immense succès pour le salon du livre, surtout au niveau médiatique. Cette année, nous aurons environ 70 auteurs, et nous avons déjà 600 demandes. Nous ferons venir naturellement nos auteurs marseillais mais c’est avant tout un festival grand public avec des spectacles, des ateliers pour les enfants. Malheureusement tout est une question d’argent et nous manquons de subventions. L’année dernière nous étions de notre poche avec Laurence et il ne nous est plus possible de le faire. Je remercie les sponsors que nous avons, mais il nous faudra davantage de sponsors privés. On pensait que la culture littéraire n’était pas capable de réunir autant de monde, mais non. Nous avons réussi à faire un salon populaire de qualité. Il y a un livre pour tous, si on aime les papillons, si on aime la chimie, si on aime le foot, si on aime la littérature quel que soit le pays, on trouvera un livre qui convient. Il n’y a pas de ‘petite’ lecture. Le plaisir de lire est le même pour la mamie folle de Frédéric François que pour la personne férue de littérature russe et des grands auteurs. Ils ouvrent un livre et j’ai autant de respect pour l’un que pour l’autre.

Projecteur TV DDV : Vous vous relaxez parfois? Comment ?
François David : Je lis. A une période je lisais deux cents livres par an quand je travaillais, maintenant bien moins. J’écoute de la musique classique et du jazz manouche, notamment un groupe qui se nomme  *’Les pommes de ma douche’ et que j’adore.

Projecteur TV DDV : Le bonheur, pour vous, c’est quoi ?
François David : Le bonheur, c’est la santé, la tienne propre et la santé de tes proches. J’ai un respect profond pour la vie. Venant des arts martiaux asiatiques, je suis *confucianiste

Projecteur TV DDV : Un dernier mot ?
François David : Prenez soin de vos proches

Vous l’avez compris, précipitez-vous à la rencontre de ces « Voyages immobiles en temps de confinement ». En plus d’une merveilleuse action en faveur des enfants hospitalisés, les plus grands auteurs nous promettent des moments délectables, des évasions salutaires, à savourer seuls ou en famille, confinés ou pas.

Liste des auteurs participant au recueil « Voyages immobiles en temps de confinement »

Olympia Alberti, Caroline Audibert, Antoine Audouard, Claire Barré, Marianne Chaillan, Elsa Charbit, Patrick Coulomb, Vincent Crouzet, Jean-Louis Debré, Jean-Paul Delfino, Gilles Del Papas, Olivier Descosse, Jean-Christophe Duchon-Doris, Églantine Emeyé, Lorraine Fouchet, René Frégni, Médéric Gasquet- Cyrus, Henri-Christian Giraud, Christine Gogueet, Maurice Gouiran, Jean-Philippe Guerand, René Guitton, Anne Icart, Alexandree Jardin, Constance Joly, Émilie Laget, Iann Manook, Roy Braverman, Cyril Massaratto, Thierry Maugenest, Florence Quentin, Thomas Rabino, Marie Robert, Jacques et Valérie Salomé, Serge Scotto, François Thomazeau, Alexandre Ughetto, Éric Valmir, Didier Van Cauwelaert, Clelia Ventura.

Préface : Michel Drucker
Graphiste : Anna Coulomb
Dessinateur : Fathy Bourayou
Calligraphie : Lasaâd Metoui
Postface : Faf Larage

Références :

*AMS L'Association de Médiation Sociale, association loi 1901 a été créée le 21/09/2001. L’association intervient depuis 2002, sur des missions de prolongement des politiques publiques et privées de prévention et de cohésion sociale. 
L'Association soutient, de plus, de multiples actions envers la jeunesse dans les quartiers sensibles de Marseille. Enfin, elle assure la mise en œuvre de structures et moyens adaptés permettant de renforcer le lien social envers les publics les plus fragilisés.
* Le [HOPE]project est une initiative originale de parents d’enfants malades et du monde de l’entreprise, pour agir en faveur des enfants accueillis à l’Hôpital de la Timone. S’engager et donner du sens à l’action.
*Pr Michel Tsimaratos : Chef de service de Pédiatrie Multidisciplinaire de la Timone. Ecrivain (Repenser l’hôpital – Rendez-vous manqués et raisons d’espérer)
*’Parlez-moi d’un livre’ Créée en 2014, l’association « Parlez-moi d’un livre » rayonne en région PACA.
L’objectif de l’association est d’ouvrir un espace supplémentaire dédié à la culture et au livre en particulier. « Parlez-moi d’un livre » donne la parole à nos intellectuels, pour permettre des échanges et des réflexions et aider, ainsi, à situer dans un contexte historique, philosophique et sociologique plus large, les défis de notre temps tout en favorisant l’accès au livre et à la lecture.
*Le confucianisme, «école des lettrés» puis Rúxué « enseignement des lettrés », est l'une des plus grandes écoles philosophiques, morales, politiques et dans une moindre mesure, religieuses, de Chine.
*Les Pommes de ma douche est un groupe de jazz manouche. Il est composé de 5 amis musiciens adeptes de Django Reinhardt qui ont créé leur quintette en 2000

www.festivaldulivredemarseille.com

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