Publié le 23/04/2018

Hommage Pascal à Jean-Sébastien Bach entre Opéra de Nice et Avignon

L’Orchestre Régional Avignon-Provence et l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Nice se sont donnés rendez-vous, les 30 et 31 mars, pour honorer la mémoire de Jean-Sébastien Bach, le Maître à penser de la Musique classique, avec deux chefs d’œuvre aujourd’hui au patrimoine mondial de l’humanité. Projecteur TV a eu le privilège de pouvoir assister à ces concerts.

En 1723, le poste de “Thomaskantor” de l’église Saint Thomas de Leipzig est à pourvoir. Georg Philipp Telemann refusant la place, le conseil presbytéral tente de débaucher d’autres compositeurs en vain. Dans  une correspondance, Le Docteur Platz membre du conseil, révèle les raisons du choix de Jean-Sébastien Bach :
“Pour des raisons importantes, la situation est délicate et puisque l’on ne peut avoir les meilleurs, il faut donc prendre les médiocres.”
1724, est une période charnière pour Jean-Sébastien Bach ; il vient d’être nommé, il y a à peine 10 mois, Maître de Chapelle à Liepzig.

Lié à deux fêtes de la liturgie, il créé pour le Vendredi Saint “la Passion selon Saint Jean” et il compose le Sanctus de la messe en Si pour le jour de Noël de la même année.

Ses chefs d’œuvre sont devenus universels, en particulier la Messe en Si, seule partition aujourd’hui répertoriée au Registre du Monde du Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO.

Opéra Confluence, Avignon vendredi 30 mars, “La Messe en Si”

Olivia Doray et Mathilde Rossignol – soprano, Blandine Folio-Peres – mezzo-soprano
Rémy Mathieu – ténor, Geoffroy Buffière – basse

Orchestre Régional Avignon-Provence et Chœur Symphonique Avignon Provence
Direction : Samuel Jean

Jean-Sébastien Bach est désireux de se voir attribuer le titre de compositeur à la Cour du Prince électeur de Saxe, poste qui lui sera confié en 1736. Il reprend la partition de cette Messe commencée avec le Sanctus composé pour le jour de Noël 1724. Il travaille plus de vingt ans sur cet ouvrage œcuménique, catholique par sa forme et luthérien dans son esprit.

C’est avec un réel plaisir que nous avons pu écouter et apprécier l’Orchestre Régional Avignon-Provence et le Chœur Symphonique Avignon-Provence dirigés par Samuel Jean. Ce dernier a su nous transmettre avec beaucoup de talent, le sens liturgique et poignant de cette fresque qui alterne chœurs grandioses et airs intimistes avec des solistes de grandes qualités, nécessitant une harmonie parfaite de l’orchestre. Tous les éléments étaient ainsi réunis pour nous offrir un moment de grâce et nous transporter dans la spiritualité et le monde intime du Cantor de Leipzig.

Avec la Messe en Si mineur, Jean-Sébastien Bach ne se contente pas d’une simple composition ; il exploite les possibilités les plus diverses de l’écriture sacrée avec des intonations grégoriennes et des polyphonies vocales classiques ; il alterne un style concertant plein d’éclat et des fugues résolument complexes. Aussi, dans cette multiplicité stylistique, il est au cœur d’une composition employée dans un seul but : Louer Dieu et donner à l’auditoire un sentiment intime de l’harmonie du monde.

Alors, on ne peut qu’être émerveillé par la beauté de ce chef-œuvre qui marque, n’en doutons pas, l’aboutissement musical d’un compositeur, maître incontestable de notre évolution musicale.

Opéra de Nice, vendredi 30 et samedi 31 mars, “La Passion selon Saint Jean”

Liesel Jürgens – Soprano, Sue-Jung Im – Alto, Zoltán Megyesi – Ténor
Thierry Delaunay – Baryton, Stéphane Mariane – Basse
Orchestre Philharmonique de Nice et Chœur de l’Opéra de Nice
Direction : György G. Ráth

Jean-Sébastien Bach a composé quatre passions puisant leurs sources dans l’esprit Luthérien des Evangiles. Seuls celles de saint Jean et de saint Matthieu ont été retrouvées. Malheureusement, les Passions selon saint Marc et saint Luc ne sont que partiellement existantes.

Une très ancienne tradition remontant au Moyen-Âge consiste à chanter la Passion du Christ pendant la période pascale.  L’œuvre que nous avons entendue à Nice relate et commente le dénouement tragique de la vie du Christ. Fidèle à cette tradition, l’Opéra de Nice nous a présenté, pour la semaine sainte, une très belle interprétation avec des solistes issus du chœur, l’Orchestre Philharmonique de Nice et le chœur de l’Opéra de Nice, sous la direction de Gyorgy Rath.

Alliant un continuo baroque à l’orchestre, Gyorgy Rath à su nous transmettre toute la sensibilité dramatique de ce chef d’œuvre. Le récitant a pu exprimer avec ferveur dans sa narration et son expressivité toutes les souffrances dans la progression théologique de la Passion du Christ, jusqu’à son sacrifice ultime pour que puissent se réaliser les écritures.
Une soirée émouvante à l’écoute d’une œuvre majeure de notre patrimoine culturel à la croisée des principales traditions musicales européennes.

Les plus grands Maîtres à penser de la musique en témoignent :

Wolfgang Amadeus Mozart, en découvrant en 1787 des partitions de Jean-Sébastien Bach, s’exclame : “Pour la première fois de ma vie j’apprends quelque chose”.

Wilhelm Furtwängler, le célèbre chef d’orchestre connu pour ses interprétations de Ludwig van Beethoven, n’hésite pas à dire : “Aujourd’hui comme autrefois, Bach est le saint qui trône, inaccessible, au-dessus des nuages. Bach fut le plus grand des musiciens, l’Homère de la musique, dont la lumière resplendit au ciel de l’Europe musicale et, qu’en un sens, nous n’avons toujours pas dépassé”.

Avec ces magnifiques représentations à l’Opéra de Nice et à l’Opéra d’Avignon, nous avons été conquis par ses extraordinaires fresques musicales données pour la semaine Sainte, comme le veut la tradition. Elles nous témoignent bien volontiers que Jean-Sébastien Bach peut être considéré comme un des plus grands compositeurs de tous les temps, si ce n’est le plus grand.

© Photo : Orchestre Régional Avignon Provence