Publié le 23/11/2019

Opéra de Monte-Carlo – Lucia di Lammermoor – Extrait du spectacle et interviews

Opéra de Monte-Carlo - Lucia di Lammermoor

Reportage vidéo sur Lucia Di Lammermoor, une production de l'opéra de Monte-Carlo, lors des répétitions au Grimaldi Forum.
Programmation 2019-2020 de l'Opéra de Monte-Carlo : Lucia di Lammermoor - Drame tragique en trois actes.
Musique : Gaetanno Donizetti
Livret : Salvatore Cammarano d’après le roman The Bride of Lammermoor (1819) de Walter Scott, dans la traduction (1826) de Gaetano Barbieri
Création :  26 septembre 1835 au Teatro di San Carlo, Naples

Nouvelle production de l'Opéra de Monte-Carlo en coproduction avec le New National Theatre Foundation de Tokyo
(Direction musicale Roberto Abbado, Mise en scène Jean-Louis Grinda, Décors Rudy Sabounghi, Costumes Jorge Jara, Lumières Laurent Castaingt, Enrico Artur Ruciński, Lucia Olga Peretyatko, Edgardo Ismael Jordi, Arturo Enrico Casari, Raimondo Nicola Ulivieri, Alisa Valentine Lemercier, Normanno Maurizio Pace, Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo)

Lucia di Lammermoor, un figure à la George Sand

Nouvelle production de l'Opéra de Monte-Carlo, interprétée en mars 2017 au New National Theatre Foundation de Tokyo, sous la même production, la mise en scène de Jean-Louis Grinda est un message d'espoir dans l'aspect sociétal de la vie des femmes du 21ème siècle. Une vision féministe, une figure à la George Sand, qui, par le costume, met Lucia en confrontation avec son frère à travers sa prestance. Une femme à la fois forte et fragile, qui se sentira dans l'obligation de sacrifier l'amour de sa vie pour sauver l'honneur de sa famille, en épousant un autre, celui choisi par son frère.

C'est tout ce parallèle qui résonne à travers cette production. L'altération entre le pouvoir et les émotions, le basculement entre la raison et le coeur. La folie et la mort qui la sauveront d'une souffrance, dont la seule guérison est cet amour impossible.

Interview de la soprano Olga Peretyatko. Elle est "Lucia"

Olga Peretyatko est une soprano russe. Elle interprète le rôle de Lucia.
"Ce n'est pas la première fois que je chante à Monte-Carlo et j'adore être ici. J'ai déjà chanté cette production de "Lucia di Lammermoor" à Tokyo. 
On le reprend ici depuis deux semaines, à Monaco. J'adore la vision de Jean-Louis Grinda. Je suis tout à fait d'accord avec lui que "Lucia di Lammermoor" n'est pas seulement une victime, mais elle est forte. Ici, je le joue un peu comme George Sand, avec son costume. C'est une vision très féministe du rôle. Et le point fort, pour moi, c'est la confrontation avec son frère.
Nous, femmes d'aujourd'hui, nous pouvons être très heureuses, de vivre au jour d'aujourd'hui, et non à cette époque. Les femmes à l'époque du compositeur, n'étaient rien. Elles étaient manipulées, utilisées comme un objet, comme une chaise, presque, par leur père, par leur frère, dans ce monde masculin. Cette façon pour elle d'échapper à cette situation, était de tuer l'époux qui était choisi pour elle. Lucia est en même temps très forte et très fragile..."
Remerciements traduction : Éline de Kat

Interview du ténor Ismael Jordi : Il est "Edgardo"

Né au sud de l'Espagne, Ismael Jordi participe à sa 80 ème prise de rôle dans Lucia di Lammermoor. Il vient pour la première fois chanter à Monte-Carlo.
"C'est très important pour moi d"être à Monte-Carlo, car ici il y a les grandes traditions opératiques. Je suis très content de venir pour la première fois chanter dans une production fantastique : "Lucia di Lammermoor"
Avez- vous toujours le trac lorsque que vous venez pour la première fois dans une maison d'opéra ? Monte-Carlo, Tokyo ?
Oh oui j'ai toujours peur lorsque je suis sur la scène ! Monte-Carlo, c'est très important, Tokyo, c'est très important. je fais les choses bien alors ... Je suis très chanceux de venir chanter ici, à Monte-Carlo, Tokyo, Madrid, New-York... mais peur ? tous les jours !
Qu'est-ce qui vous a donné envie de chanter de l'art lyrique ?
C'est une très bonne question ! Nous avons un très bon théâtre à Jerez, une école d'opéra. Je suis allé faire une audition. Le directeur me dit "tu as la voix pour faire chanteur lyrique!" Je me suis dis "il est fou !" Alors je suis allé à l'école de musique de Madrid avec le Maestro Alfredo Kraus, et j'ai fait mes preuves, et alors je suis allé étudié  le chant à Madrid. J'ai commencé, commencé, commencé, et je suis ici à Monte-Carlo.
La vie est incroyable.
Je crois que pour la deuxième représentation de Lucia di Lammermoor à Monte-Carlo, je ferai 80 représentations de Lucia .
80 représentations... Arrivez-vous à vous détacher de ce rôle lorsque vous ne chantez pas cet opéra?
Lorsque je suis sur une autre production, je coupe, je me déconnecte...
Vous vivez le moment présent à chaque instant ?
Oui .... Carpe Diem !
Je suis désolé pour mon français. Je voudrais parler mieux, et j'espère que la prochaine fois, je parlerai très très bien le français. Le répertoire français est très important pour ma voix, pour ma carrière...
Besos à todos !!

Interview de Rudy Sabounghi - Il est le décorateur  de "Lucia di Lammermoor"

Rudy Sabounghi travaille régulièrement sur les productions mises en scène par Jean-Louis Grinda. Une complicité professionnelle installée depuis des liens très lointains. Dans sa jeunesse, Rudy Sabounghi était figurant à l'Opéra de Monte-Carlo, sous la direction de la programmation, Guy Grinda, papa de l'actuel directeur.
Il fallait capter l'ambiance romantique anglaise. les romans de Scott. Toute cette atmosphère écossaise. C'est cela qu'essaie d'exprimer ce décor.
Je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance sur la réalisation. ce sont les Ateliers de Pésaro, qui travaillent pour le Festival Rossini (Italie) qui ont construit ce décor.
Une fois que le concept du romantisme est lâché et que nous sommes d'accord avec Jean-Louis, j'invente, je propose. L'évidence de l'eau s'est vraiment imposée.
J'étais au restaurant sur le port où l'on voit le bas du rocher de Monaco, et en voyant les vagues frapper ce rocher, je me suis dis : "c'est ça le premier décor, cela doit être ça !" Ça se place sur une plage, et l'image est venue ici à Monaco.
C'est la première fois que je réalise les décors de Lucia.  Mais sur les mêmes opéras, les scénarios sont toujours différents. Il y a des oeuvres où je n'arrive pas à me détacher de la première fois où je les ai écrites. J'arrive aussi à retrouver la liberté avec mon interlocuteur metteur en scène, qui ne me donne pas toujours les mêmes indications. Donc, je vois qu'il y a des oeuvres où je peux retrouver une liberté, et d'autres pour lesquelles je ne peux pas retrouver la liberté du premier jet.
Par exemple, Jean-Louis Grinda m'avait proposé de travailler avec lui pour "Ernani", et je venais de faire un décor pour cette oeuvre. Et je lui "je ne peux pas". Il a fait avec un autre décorateur.
Il faut toujours une naïveté pour aborder ou re aborder une oeuvre. Il faut l'entendre pour la première fois, c'est très, très important .
Pour chaque oeuvre, j'utilise le média qui me semble juste, approprié. Je n'ai pas de fidélité dans les matières, dans les éléments. C'est plutôt conceptuel.
C'est vraiment une question d'inspiration. C'est assez mystérieux. Il y a des projections très immédiates sur comment raconter une oeuvre, qui une fois mises sur le papier, s'avèrent complètement fausses. Il se trouve que le rêve que je puisse m'imaginer un peu naïvement en écoutant la première fois l'oeuvre, je vais le traiter comme ça... Mais une fois que je me mets à l'articulation de tous les actes et de tous les espaces, je me rends compte que cela ne rend rien, et je dois repartir dans une autre direction.
Il n'y a pas de recettes. Mais il y a toujours l'enthousiasme, la passion...
Comment prendre en douceur une oeuvre qui a été faite 40 000 fois ? La prendre en douceur et la donner à entendre mieux.

Reportage réalisé le 12 novembre 2019 au Grimaldi Forum - Programmation Opéra de Monte-Carlo - Lucia di Lammermoor