Publié le 15/03/2017

L’Ombre de Venceslao sous le soleil Argentin à l’Opéra Grand Avignon

“L’Ombre de Venceslao” de Martin Matalon, sur un livret de Jorge Lavelli, était à l’affiche de l’Opéra Grand Avignon le vendredi 10 mars. Pour son troisième projet, le Centre français de Promotion Lyrique s’est lancé dans la création d’un opéra contemporain. A l’occasion de cet événement (il s’agit de la création du premier opéra de Martin Matalon) nous avons eu le privilège de rencontrer le compositeur et le chef pour une interview au foyer de la prestigieuse Maison.

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Ernest Martinez-Izquierdo assura la direction musicale et Jorge Lavelli la mise en sècne de la représentation de “L’Ombre de Venceslao” de Martin Matalon à l’Opéra Grand Avignon. Humour et tragicomédie au son du bandonéon.

“L’Ombre de Venceslao”, l’opéra contemporain de Martin Matalon

Rencontre avec le compositeur Martin Matalon et le chef d’orchestre Ernest Martinez-Izquierdo

ProjecteurTV : Martin Matalon, “L’Ombre de Venceslao” est donc votre premier opéra…

Martin Matalon : Techniquement non, mais dans la réalité, oui. J’ai déjà fait un opéra justement avec l’Orchestre National Avignon-Provence en 1989, mais c’était un opéra d’étudiants qui avait été créé à La Chartreuse de Villeneuve. Pour l’Ombre, je suis allé voir la pièce de théâtre que Monsieur Lavelli avait écrite. Dix ans se sont écoulés et je me suis décidé en 2011. Nous avons eu une opportunité exceptionnelle, puisque grâce au CFPL (Centre français de Promotion Lyrique) onze théâtres (dont deux en Amérique du sud) programment cet opéra. Ce qui m’a plu, c’est surtout la pièce de théâtre. On n’est pas dans du conventionnel, c’est un livret assez fou et complètement atomisé dans la narration, avec beaucoup d’humour dans cette tragi-comédie. De plus, la notion du voyage est omniprésente et se retrouve dans ma musique.

ProjecteurTV : Ernest Martinez-Izquierdo, un quatuor de bandonéons au sein d’un opéra, ce n’est pas banal.

Ernest Martinez-Izquierdo : Oui, mais les tangos, ce n’est pas uniquement parce que l’action se passe en Argentine. Un des personnages est fou de tango, qui passe toute la journée à écouter les tangos à la radio. D’autre part, l’orchestre a un effectif de type « Mozart » avec une section cuivres renforcée, deux percussions, et un clavier électronique joué par le pianiste de l’orchestre qui porte une grande responsabilité. L’œuvre est composée de textes parlés, mesurés, et chantés. D’ailleurs, les chanteurs ont un rôle très difficile, et ils sont vraiment extraordinaires! Mais c’est un plaisir de travailler avec ces deux amis, Lavelli et Matalon, nous sommes liés par une grande complicité !

L’Ombre de Venceslao à l’Opéra Grand Avignon, cet opéra vraiment pas comme les autres !

Tangos, sambas, L’Ombre de Venceslao, cet opéra vraiment pas comme les autres fut accueilli ce vendredi à l’Opéra Grand Avignon très favorablement par un public enthousiaste, certes quelque peu surpris par les premières séquences, de part la trivialité de certaines répliques, mais très rapidement conquis par l’ambiance sobre des décors de Ricardo Sanchez-Cuerda, les jeux de lumières de Jean Lapeyre, et les voix sublimes d’Estelle Poscio (China), Sarah Laulan (Mechita) Thibault Desplantes (Venceslao) Ziad Nehme (Rogelio) Mathieu Gardon (Largui) et Jorge Rodriguez (Coco Pellegrini) qui servirent de façon magistrale l’œuvre de Martin Matalon, se jouant des difficultés de technique vocale présentes dans cette partition.

D’après la pièce éponyme de Copi, l’intrigue, qui se dédouble au second acte, met en scène Don Venceslao, un paysan, son fils Rogelio, sa femme Hortensia, qui meurt bientôt, et sa maîtresse Mechita, avec qui il a eu China. Les deux jeunes gens s’aiment malgré leur parenté. Largui est un ami de la famille, amoureux de Mechita. Il y a aussi un perroquet qui parle, un singe, un cheval joué par un comédien, sans oublier un danseur de tango qui semble bien être un maquereau. Au premier acte, la scène se passe dans la grande plaine qui s’étend entre les fleuves Paraná et Uruguay. Elle se transporte ensuite, simultanément, à Buenos Aires où se rendent Rogelio et China et aux pieds des chutes d’Iguazu où l’on retrouve Venceslao, Mechita et Largui.