Publié le 13/07/2021

Sublime Clémentine Célarié ‘Une Vie’ de Maupassant – Festival des Nuits de l’Enclave

« Quand on va être à Valréas, ça va être dingue. Il va faire jour quand je vais commencer et la nuit va tomber pendant le spectacle, ça va être génial, on sera en prise directe avec les éléments » Clementine Célarié ouvre avec ‘Une Vie’ de Maupassant le Festival les Nuits de l’Enclave à Valréas, en Haut Vaucluse, du 15 au 25 juillet 2021.

Clementine Célarié Une Vie Maupassant

Clémentine Célarié, seule en scène dans la pièce de théâtre ‘Une Vie’ d'après le roman de Guy de Maupassant – Festival des Nuits de l’Enclave - tarif unique : 27 €
15 Juillet 2021 – 21h30.

Clémentine Célarié - ‘Une Vie’ de Maupassant

Elle endosse tous les rôles avec génie. Elle, c’est Clémentine Célarié, merveilleuse actrice à la personnalité attachante, scénariste, écrivain –son roman sort bientôt en librairie- et réalisatrice –son film, « Pierre et Jeanne », est sélectionné pour le Festival d’Angoulême. Quand elle qualifie un ami de doué, drôle et tendre à la fois, ce sont les mêmes mots qui s’appliquent à cette comédienne, une femme de cœur que son talent reflète.

Avec la passion qui la caractérise, elle joue ‘Une Vie’ au splendide Festival de Théâtre ‘Les Nuits de l’Enclave, à Valréas le 15 juillet à 21h30, puis en tournée jusqu’au mois d’avril 2022.

Rencontre avec Clémentine Célarie

Danielle Dufour-Verna/Projecteur tv – Bonjour Clémentine Célarié. Un seul en scène avec tous les personnages de Guy de Maupassant et surtout passer dans l’intensité des sentiments qui habitent Jeanne, tour à tour l’harmonie, le bonheur, l’amour, le désespoir quand Julien la trahit, la souffrance de la mort, la déception, puis la résilience, est-ce difficile d’interpréter un tel texte ?

Clementine Célarié - Jeanne Une vie de Maupassant

Clémentine Célarié – Oh, non ! Etre acteur, comédien, ce n’est pas une question de difficile ou pas. Ce qui est difficile, c’est d’aller à l’usine, d’être infirmière, de faire des métiers très durs, oui, ça c’est difficile. Aller sur scène et essayer de vivre les mots de Maupassant, ce n’est pas difficile, c’est une aventure, ça demande du travail, de la rigueur, beaucoup de travail, mais ce n’est pas difficile. C’est du travail, beaucoup de répétitions, mais enfin c’est comme la vie. Peut-être la vie, c’est difficile quelquefois, mais enfin, c’est la vie. Si ce n’était pas difficile, ce serait autre chose, ce serait un plan d’épargne-logement. Moi, ce que j’adore dans cette histoire, c’est justement que ça passe, ce sont des montagnes russes. Ce sont des oscillations, comme dirait un grand ami. C’est-à-dire que les oscillations sont grandes parce que cette femme attend énormément de la vie. Donc c’est intéressant, comme Maupassant. Je pense que Maupassant attendait énormément de la vie et il provoquait énormément la vie. Il provoquait les choses, le drame… Dans tous ses écrits, dans toutes ses histoires, on voit qu’il est extrême. Mais c’est ça pour moi la vie.
Je me suis jetée dans ce spectacle comme je me jette dans une histoire d’amour, comme je me jette dans un travail quand il me passionne. Ce sont tous les travaux que j’accepte qui me passionnent. La passion est une drogue. Du coup, ce n’est pas difficile. Ça demande une rigueur physique, du repos, beaucoup d’énergie ; ça demande du travail et de la discipline.

DDV – Combien de temps pour entrer dans un personnage et combien de temps pour en sortir ?

Clémentine Célarié – Ça pour moi, ça n’existe pas. Je ne sais pas pourquoi. Un personnage comme Jeanne, il sommeille en toi, il est toujours là, dans des phrases qui te viennent où tu te dis ‘tiens il y a ça, il y a ça, elle a vécu ça, tiens, moi je vis ça…’ça devient une sœur, une copine qui est en toi, dans ton corps et du coup, tu ne la quittes jamais, tu n’entres jamais dedans. Simplement quand tu mets le costume d’époque, quand tu te mets la coiffure, les machins, les trucs, petit à petit, tu te transformes, tu te mets dans ton truc. Et puis, quand je suis dans la falaise, il y a une falaise sur scène avec le son, avec tout ça et quand on va être à Valréas, ça va être dingue. Il va faire jour quand je vais commencer et la nuit va tomber pendant le spectacle, ça va être génial, on sera en prise directe avec les éléments, ce sera fantastique. Pour moi, tous ces personnages très forts, on ne les quitte jamais vraiment. En tout cas moi je ne la quitte pas vraiment.

DDV – On est tous, à certains moments, habités par les sentiments qui la traversent. C’est humain…

« Je laisse beaucoup de place à mes sentiments »

Clémentine Célarié – Exactement ! ça dépend de la sensibilité. Il y a des gens qui ne laissent pas beaucoup de place à leurs sentiments, et d’autres oui. Alors, moi, je laisse beaucoup de place à mes sentiments (rires). Jeanne j’adore. J’adore son insouciance, j’adore son innocence, j’adore tout ce qu’elle attend de la vie, j’adore tout ça, tout son idéal sur les hommes. Je trouve ça magnifique. Forcément je m’en prends plein la gueule mais c’est le jeu, voilà. Tant que tu ne meurs pas, de toute façon, tu peux te relever.

DDV – En conclusion, il est dit « Une vie, ce n’est jamais aussi bon ni aussi mauvais qu’on croit ». C’est aussi votre avis ?

Clémentine Célarié – C’est Rosalie qui dit ça. Ce n’est pas que je le pense ou pas, c’est un fait.

DDV – Ça me semble très sage comme réflexion, de cette sagesse de ceux qui travaillent la terre

« La vie, c’est ce que tu en fais, mais c’est ce qu’elle te donne à être aussi. »

Clémentine Célarié – Oui, très ancrée comme réflexion. Absolument ! Et moi je suis complètement d’accord avec ça dans ce sens-là. C’est-à-dire que la vie, c’est ce que tu en fais, mais c’est ce qu’elle te donne à être aussi. Et puis, ce sont les acceptations aussi, c’est pour ça : ce n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit, que l’humain croit. La vie, c’est la vie, et c’est aussi ce que tu risques et c’est ce que tu acceptes, c’est ça qui est beau, parce que sinon, tu fais rien, tu dors, tu restes au lit et puis comme ça il ne t’arrivera rien (rires).

Clémentine Célarié - Falaise Une Vie de Maupassant

DDV – Est-ce que vous avez participé à l’élaboration du décor ?

Clémentine Célarié – Non, en fait j’ai un scénographe qui est absolument génial, qui a été très inspiré par la pièce. Je l’ai laissé complètement libre. Il a proposé de faire une falaise d’Etretat et c’était génial parce que je me crois vraiment sur ma falaise, sur mon petit morceau de falaise, et c’est dingue.

Une captation de ‘Une vie’ pour France 2

On va faire une captation pour France 2 au mois de novembre qui passera l’année prochaine. Ça c’est fantastique. Ça passera après la tournée qui se termine fin avril. Toute ma tournée a été complètement gardée ce qui est un miracle absolu et je voudrais remercier, mais vraiment, je suis obligée de remercier tous les directeurs de théâtre. Je n’ai aucune date annulée. C’est incroyable. Mais ça, c’est le miracle de Maupassant parce que Maupassant c’est quelqu’un qui connait nos âmes, qui parle à tout le monde, vraiment, c’est incroyable.

DDV – J’imagine que vous adoriez le livre avant qu’on vous propose le rôle

Clémentine Célarié – Non, on ne me l’a pas proposé ! C’est maman qui m’a dit, car elle connaissait mon amour pour Maupassant depuis toujours, ‘Est-ce que tu as lu ‘Une vie’ ? J’ai dit eh bien non. Elle m’a dit –Lis-le et j’ai eu un coup de foudre. J’en ai parlé à mon producteur et ami Jérôme Foucher qui avait produit Madison, qui avait produit Darius.

« On s’en fout de l’âge mais il faut vraiment croire à ça. Il y a très peu de femmes qui croient à ça. »

DDV – C’est donc votre idée…

Clementine Célarié - comédienne - Une vie de Maupassant

Clémentine Célarié – Ben oui, personne ne m’aurait proposé le rôle d’une jeune fille de 17 ans ! On s’en fout de l’âge mais il faut vraiment croire à ça. Il y a très peu de femmes qui croient à ça. Moi je me fous vraiment de l’âge. Je pense que l’âge c’est relatif. Quand tu es amoureux, tu as 15 ans. Jeanne est amoureuse, elle a 17 ans. J’ai 17 ans quand elle a 17 ans. Oui, je l’ai décidé, mais surtout j’ai été soutenue par Jérôme Foucher mon producteur. Un truc comme ça, si on n’est pas soutenu par son producteur, on peut vous prendre pour une folle.
DDV – Vous deviez jouer au Théâtre Toursky en novembre 2020, puis la Covid a tout annulé. Êtes-vous reprogrammée au Toursky?

Clémentine Célarié – Oui, on joue au théâtre Toursky en octobre 21.

DDV – De tous les rôles que vous avez eus au théâtre, quel est celui qui vous colle à la peau, une préférence?

Clémentine Célarié - Ils me collent tous à la peau au moment où je les vis. Celui que je préfère, c’est celui que je vis en ce moment. En plus, comme je ne suis pas du tout passéiste, s’il y en a un qui me colle, c’est le dernier. Là, ce que je suis contente c’est de recommencer à jouer.

DDV – Clémentine, qu’est-ce qui vous apaise ?

« De toute façon, ce qui m’apaise, c’est de créer. »

Clémentine Célarié – Un verre de pinard, d’être avec des gens passionnés, comme Richard Martin par exemple, les gens du festival de théâtre de Valréas, danser, être avec les gens que j’aime, libre de dire tout ce que j’ai envie de dire, de faire tout ce que j’ai envie de faire et de créer. De toute façon, ce qui m’apaise, c’est de créer. Il faut profiter de la vie et pour moi, profiter de la vie, c’est créer.

DDV – D’autres projets ?

Clémentine Célarié –Des projets, j’en ai pas mal. J’ai réalisé mon premier long métrage pendant le COVID. Ce long métrage s’appelle ‘Pierre et Jeanne’, captation libre et contemporaine de ‘Pierre et Jean’ de Guy de Maupassant. On a été sélectionné au Festival d’Angoulême. Je serai avec ce film que j’ai réalisé grâce à un producteur incroyable, Mathieu Rubin, avec Philippe Uchan, Sergi Lopez, Dominique Pinon… des acteurs géniaux. Ça c’est un miracle dans ma vie. Je ne réalise toujours pas que j’ai réalisé ! J’ai un livre que j’ai écrit qui sortira en novembre chez Albin Michel. C’est un récit personnel et autobiographique. Ce n’est pas une autobiographie. Et en ce moment je tourne à Lille, dans une série ‘Police de caractère’ réalisée par Gabriel Aghion qui est un amour d’ami et de réalisateur, très doué, drôle et tendre en même temps.

DDV – Clémentine, le bonheur, c’est quoi pour vous ?

Clémentine Célarié – C’est quand il arrive. Ce sont des instants. C’est à construire aussi. Ça se construit. Ce sont des instants qu’il faut savoir reconnaitre, accepter parce qu’il faut l’accepter le bonheur aussi. Il faut savoir le reconnaitre et le construire. C’est comme la liberté.