Publié le 24/01/2021

“Salammbô” Une exposition pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert, le musée des Beaux-Arts à Rouen, le Mucem à Marseille et l’Institut national du patrimoine à Tunis s’unissent pour proposer une exposition inédite : “Salammbô Fureur ! Passion ! Éléphants !”. Un voyage sur les traces de Carthage pour entrevoir la portée considérable du roman culte de Gustave Flaubert sur les arts et la science.

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"Salammbô Fureur ! Passion ! Éléphants !", une exposition itinérante adaptée de l'oeuvre de Gustave Flaubert, à découvrir à partir du 23 avril prochain dans la capitale normande au Musée des Beaux-arts de Rouen, à partir du 20 octobre au Mucem à Marseille, puis au Musée national du Bardo en Tunisie, printemps-été 2022.

Exposition"Salammbô", adaptée de l'œuvre culte de Gustave Flaubert

La recette d’un bon livre n’a parfois rien d’extraordinaire. Commencez par prendre une héroïne courageuse et forte. Mélangez de l’amour, du sang et des larmes. Ajoutez enfin un zeste de trahison et saupoudrez le tout dans un décor antique qui ravive votre imaginaire. Vous obtenez "Salammbô", œuvre culte de Gustave Flaubert.

« Le roman est manifestement le plus illustré de Flaubert. Il touche politiquement à la conception du monde méditerranéen et au lien entre Orient et Occident, et offre une dimension historique, archéologique et géopolitique particulière », témoigne Jacques Neefs, Professeur émérite à Paris VIII et à Johns Opkins University.

(c) Nancy, musée de l'École de Nancy, Studio Image
© Nancy, musée de l'École de Nancy, Studio Image

L’exposition "Salammbô. Fureur ! Passion ! Éléphants !" convoque ainsi littérature, peinture, sculpture, photographie, arts de la scène, cinéma, bande dessinée et archéologie et met en avant la portée considérable de ce texte sur les arts. Mais aussi son héritage dans l’histoire de la Méditerranée et son actualité.

« L’inspiration de Salammbô continue aujourd’hui. L’idée, c’était d’avoir une exposition qui permet de croiser des approches, des disciplines, des point de vue qui permettent de réfléchir sur cette influence du Méditerranéen sur aujourd’hui. Car c’est un roman éminemment méditerranéen », souligne  Jean-François Chougnet, président du Mucem.

L’exposition itinérante présente quelques 350 œuvres issues des collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, le musée d’Archéologie méditerranéenne de Marseille, le Cabinet des Médailles (Archives municipales) de Marseille, les musées de Rouen, Munich et Berlin. Parmi ces œuvres, des pièces jamais présentées au public comme ce grand guerrier en terre cuite découvert en 1929.

« Une pièce emblématique restaurée il y a peu et que l’on va découvrir lors de l’exposition », souligne Myriame Morel-Deledalle, conservateur en chef au Mucem.

La genèse de l’ouvrage

Publié en 1862, le roman de Flaubert retrace l’attraction fatale entre Salammbô, prêtresse de Tanit, et Mathô, chef des mercenaires révoltés contre l’opulente Carthage. Il est le deuxième livre publié par Flaubert, six ans après le culte "Madame Bovary". Un livre qui a valu à l’écrivain une soudaine notoriété à l’âge de 35 ans sans avoir jamais publié jusqu’ici. Mais le scandale procuré par le livre pousse l’auteur à se lancer dans la conception de ce qu’il appelle son « roman carthaginois », estimant que revenir à un « roman moderne » « lui est interdit ».

tableau gustave flaubert

Flaubert reprend ainsi son rêve oriental commencé tôt, en particulier avec "La Tentation de Saint Antoine" et surtout lors de son grand voyage en Orient avec Maxime du Camp, de 1849 à 1851. La rédaction s’étend de septembre 1857 à avril 1862. Il se rend à Tunis en 1858 et entreprend une enquête considérable sur les lieux, les mœurs, les techniques de guerre, les usages religieux de Carthage.

« Le livre s’intéresse à une antiquité inconnue à l’époque. Sur Carthage, on sait peu de choses finalement. C’est pourquoi le roman de Flaubert a donné lieu à un grand nombre d’images par la suite », précise Jacques Neefs, Professeur émérite à Paris VIII et John Hopkins University de Baltimore, spécialiste de Salammbô

Après le scandale Bovary, c’est peu dire que le nouveau roman de Flaubert est attendu. Le succès populaire est à la hauteur de la surprise causée par Salammbô, et de sa réception tumultueuse par la critique : lutte d’érudition, controverse archéologique de Frœhner, démolition en règle de Sainte-Beuve, admiration de George Sand (« Il est formidable comme l’abîme »), Enthousiasme de Berlioz (« J’en rêve la nuit »).

Pas étonnant que le roman ait par la suite donné lieu à tant d’œuvres et continue aujourd’hui d’inspirer les artistes.