Publié le 12/03/2022

Laurent Artufel, “Un battler” amoureux de Marseille

Marseille foisonne de talents. Il en est un qui a plusieurs cordes à son arc et qui les conjugue avec passion. Amoureux de Marseille, généreux, sentimental et profondément humain, cet artiste à l’actualité chargée, mais toujours disponible, apporte au panorama culturel, et plus précisément à sa ville, cette jeunesse, cette fougue, cette envie qui fait d’une ville un pôle culturel qui bouge.

Laurent artufel radio star

Laurent Artufel est un artiste aux talents multiples. A voir sa biographie, il semblerait que Laurent Artufel ait eu 1000 vies : Comédie, cinéma, télévision, radio, écriture, humoriste, maitre de cérémonie, comédien, animateur, directeur artistique, ce super jeune homme est un touche-à-tout qui magnifie tout ce qu’il touche. Laurent Artufel est le digne successeur des saltimbanques du moyen-âge, un artiste de rue, un héritier de la commedia dell’arte, un passionné de l’art vivant. Son sourire éclatant, sa fraicheur, son empathie, sa légèreté, cachent un être sensible, un militant pour de nombreuses causes humanitaires.

2022 sera, pour lui, une année chargée en réalisations et projets de toutes sortes. Après son autobiographie publiée récemment, il sera à la télé dans la série ‘Je te promets’ de Marilou Berry, au cinéma dans le film ‘Les Segpa’ et au théâtre. Radio Star en a fait, le matin, son animateur vedette. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer.

Rencontre avec Laurent Artufel, comédien, journaliste, animateur ...

Un battler !

Danielle Dufour-Verna/Projecteur TV – Bonjour Laurent Artufel. Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs ?

Laurent Artufel - Quand je fais de la télé, on dit que je suis comédien ; quand je suis comédien, on dit que je suis journaliste ; quand je suis journaliste, on dit que je suis animateur… Je suis un battler. C’est ce que m’a dit Catherine Ceylac lors d’une émission que j’ai faite avec elle. C’est un mélange d’animation, public, cinéma, spectacle. C’est vrai qu’en France on aime bien mettre les personnes dans ces fameuses cases contrairement aux Etats-Unis où on peut faire des claquettes, de la musique, du théâtre, de la télévision, de la radio, sans être forcément enfermé dans une case. Chaque domaine est différent, mais l’ensemble général reste le même. Je ne dis pas qu’un animateur radio peut tout faire non plus, qu’il peut être un acteur etc. A la base, j’ai une formation d’acteur et j’ai commencé très jeune en tant qu’acteur, puis animateur avec des émissions radio dans le sud quand j’étais adolescent. Mais oui, pour me présenter, je reprends la formule de Catherine Ceylac dans ‘Thé ou café’, je suis un battler.

DDV –Vous êtes né à Embrun dans les Hautes Alpes  …

Laurent Artufel – Par hasard, complètement par hasard. Je suis Marseillais et je le revendique. C’est juste que ma maman est allée prendre l’air, du bon air, de l’air frais un week-end à Embrun et voilà. Et depuis, on ne peut plus naître là-bas. C’est drôle, je suis probablement un des derniers à être né à la maternité d’Embrun qui n’existe plus.

DDV –Peut-on dire que Marseille est votre port d’attache ?

Laurent Artufel –Bien sûr ! Je suis totalement marseillais. Ma famille est de Marseille. J’ai fait mes études à Marseille, j’habite Marseille. J’ai juste fait quelques infidélités à notre belle Notre-Dame de la Garde en m’en allant quelques années à Paris pour le travail mais cela ne m’empêchait pas de faire des allers-retours très régulièrement et surtout, même à Paris, de porter les couleurs de Marseille haut et fort.

DDV –Et Paris, en ce moment ?

« Marseille est belle et rebelle »

Laurent Artufel – Oh la la, non ! On va dire, franchement, depuis le confinement, on va dire depuis un an et demi, deux ans, je trouve Paris d’une tristesse déplorable. En même temps c’est bien parce que ce confinement m’a permis de me rendre compte que finalement, revenir à la source, revenir près de sa famille, revenir près de ses amis, revenir là d’où je viens, Marseille, c’était ce qu’il fallait. J’ai tellement fait le tour du monde, Los Angeles, Paris, Rome, la Sicile, tout ça, je dirais que Marseille n’a rien à envier aux villes du monde entier. Marseille a totalement sa place dans le classement des villes où il fait bon vivre et où la culture se développe comme il se doit. Il y a de plus en plus de tournages dans le sud. Depuis qu'elle a été Capitale Européenne de la Culture en 2013, Marseille a eu un développement formidable avec le développement des nouveaux quartiers, terrasses du Port, Docks Village, la Canebière qui d’un seul coup est devenue piétonne, le Cinéma Artplexe qui vient d’ouvrir. Il y a à Marseille un développement fulgurant dans le bon sens du terme. Je le dis tous les jours, plus j’habite Marseille, plus j’aime Marseille. Au plus j’aime Marseille, au plus je redécouvre Marseille. Elle est belle et rebelle.

DDV –Vous êtes jeune encore et vous avez un parcours incroyable

Laurent Artufel – Je m’en suis rendu compte après la sortie du livre. Pour moi c’est tout-à-fait normal, mais en fait c’est la réaction des gens qui, après lecture, ou qui me connaissent du parcours que j’ai pu faire et que je continue à faire, c’est le regard des gens. Ce sont eux qui m’interpellent et s’étonnent.

DDV – Si je comprends bien, vous avez plusieurs cordes à votre arc. Vous avez besoin de toutes les cordes ou vous prenez ce qui vient ?

Laurent Artufel – Non, je ne prends pas ce qui vient. Je prends ce que j’aime et je fais ce que j’aime. Il m’est arrivé de tester des choses que je n’aime pas et d’arrêter de suite. Le théâtre, la comédie, c’est ma base, mon ADN. Il se trouve qu’après j’ai eu une belle rencontre avec Jacques Martin et j’ai donc fait de la télé. Mais quelque part, si on y réfléchit bien, Jacques Martin, c’est un comédien qui, malheureusement pour lui, a été étiqueté direct animateur télé et je pense que c’était son plus grand regret. Il vouait une passion pour les acteurs ; il avait d’ailleurs un portrait de Gérard Philippe dans son bureau. C’était quelqu’un de cultivé. J’aurai toujours un énorme respect et je défendrai Jacques Martin et tout ce qu’il représente jusqu’à la fin de ma vie.

DDV –Vous avez fait la réouverture du Club Med à Cefalù. Vous connaissiez la Sicile ?

Laurent Artufel – On m’a proposé d’ouvrir Cefalù qui est un village mythique. J’aime l’histoire du Club Med des années 50 à aujourd’hui avec cette évolution permanente. Eux m’ont appelé en pensant qu’ils avaient la chance de m’avoir en qualité de conseiller artistique mais c’est moi qui ai la chance qu’ils m’aient appelé, de pouvoir m’associer à ce groupe et de travailler pendant quelques années et de développer les nouveaux clubs. Je travaille avec eux sur des missions quand je peux, quand j’ai le temps, sur des conseils. La clientèle au club Med est tellement internationale qu’on ne peut plus faire du café-théâtre ou du cabaret, il faut faire du visuel. Il faut faire ce que Patrick Sébastien faisait à la télé, des shows musicaux, avec de la lumière, de la danse, du cirque. Il faut parler à tout le monde.

DDV – Quelle est votre actualité ?

« Si je te propose de venir animer la matinale de Radio Star, qu’est-ce que tu me réponds ? »

laurent artufel animateur interview

Laurent Artufel – Je suis venu passer le confinement dans le sud, dans la famille. Le sud, c’est un peu comme un acte manqué. On se dit non, je suis à Paris, Marseille c’est juste pour les vacances. Mais pas du tout ! Marseille, c’est une ville fantastique. Radio Star qui venait de faire peau neuve avec un nouveau directeur qui a remis à flot de nombreuses radios en France, Jérôme Delaveau, a demandé à me voir. Je le rencontre et il me dit « Si je te propose de venir animer la matinale de Radio Star, qu’est-ce que tu me réponds ? ». Après trois ans de voyage à droite, à gauche, au Sénégal, en Sicile, mes aller-venues à Marseille, j’ai dit : « Banco ! Oui, bien sûr que je vais venir à Marseille ! ». Puis s’est enchainé le tournage de la saison 2 de ‘Je te promets’, la série réalisée par Marilou Berry, puis j’ai décroché un rôle dans le film ‘Les Segpa’ qui sortira en janvier 2022 et j’en profite pour mettre en route une pièce de théâtre que j’aurai le plaisir de commencer à jouer à la rentrée 2022. Je remets en route tous mes amours : la radio, le théâtre, le cinéma, les rencontres, voilà.

DDV –Vous avez joué au festival d'Avignon une pièce nominée aux Molière ?

Laurent Artufel – Oui, une pièce magnifique de Michel Tremblay que j’ai eu le plaisir de jouer trois saisons en Avignon et on l’a terminée au Théâtre des Variétés à Paris.

DDV –Et cette nouvelle pièce, quand sera-t’elle sur les rails exactement ? Vous m’en parlez un peu ?

‘Meilleurs vœux’ de Carole Greep

Laurent Artufel –Septembre, octobre 2022. C’est une pièce de Carole Greep, une auteure très connue dans le milieu du théâtre qui a eu un très gros succès avec ‘J’aime beaucoup ce que vous faites’. Elle a écrit une pièce il y a quelques années qui s’appelle ‘Meilleurs vœux’, une pièce à deux personnages. On rit mais on ne fait pas que cela. Il y a un vrai fond, c’est bien écrit. Et il se trouve que Carole Greep, cette auteure très connue et très demandée, vient d’emménager à Marseille avant l’été. Donc tout le monde se retrouve à Marseille.

DDV –Vous êtes un touche-à-tout remarquable…

« La nuit des publivores »

Laurent Artufel – Mais j’ai plein d’idées pour Marseille. Il y a vingt ans que je collabore avec Jean-Marie Boursicot qui organise les nuits des publivores. Ce sera enfin de retour au Grand Rex de Paris le vendredi 24 juin, mais c’est surtout que j’ai envie d’en créer une à Marseille, de faire un partenariat avec un cinéma qui serait genre le cinéma le Prado ou autre. Mais je veux proposer aux Marseillais une vraie nuit des publivores comme on peut la connaitre à Paris et dans le monde entier puisque ça tourne dans le monde entier. Je suis aussi sur ce créneau-là. Il se trouve que Jean-Marie Boursicot, le créateur est également natif de Marseille.

DDV –Toute cette fougue, cette énergie, d’où la tenez-vous ? Est-ce un besoin d’amour des autres, de culture ?

Laurent Artufel – Déjà, c’est une bonne question. Je crois que je suis un hyperactif.

DDV – Boulimique de culture ou boulimique du besoin des autres ?

« Je suis un curieux de la vie »

Laurent Artufel – Je pense que je suis naturellement un boulimique de culture. J’aime aller voir des expos, voir des films, rencontrer des artistes. En fait, je suis un curieux de la vie et si je peux partager mes plaisirs avec les autres, je vais le faire.

DDV – Une autobiographie à votre âge, c’est rare.

Laurent Artufel – C’est pour partager des rencontres, pas un magazine people pour balancer. C’est tout simplement un parcours de vie. Comme je ne mets pas de frontière entre ma vie privée et ma vie professionnelle, c’est ma vie que je raconte au travers des rencontres de personnes. Ce n’est pas un livre à charge, où je vais cracher dans la soupe. On se retrouve dans ce livre dans la relation qu’on peut avoir avec un père, une mère, ses amis, son travail… N’importe qui peut se retrouver dans cette histoire et je l’ai eu avec le retour des gens. C’est un éventail d’émotions et de rencontres.

DDV –J'entendais besoin de l’amour des autres, par fraternité.

« Je suis un amoureux de la vie, un amoureux des gens. »

Laurent Artufel – J’ai esquivé la réponse mais vous avez raison. Je suis un amoureux. Je suis amoureux tout le temps. Je suis un amoureux de la vie, je suis un amoureux des gens. C’est pour ça que je trouve cette ville magique. Arrêté à un feu rouge à moto, j’ai tapé la conversation avec un chauffeur de tram. On a parlé comme si on se connaissait. Il est Marseillais, je suis Marseillais. On fait partie de la même famille. Un Marseillais tendra toujours la main à un autre Marseillais et même au-delà des Marseillais. Les Marseillais sont certainement l’un des peuples les plus généreux au monde. Ils tendront toujours la main aux autres. Quand je dis Marseille, je pense sudiste, c’est large. Nous sommes des latins. De toute façon, la ville de Marseille est née sur une histoire d’amour. 2600 ans d’histoire.

DDV –On est un peuple de la mer, une terre d’accueil.

Laurent Artufel –Tout à fait. C’est une ville de mélanges dont je suis tombé fou-amoureux, surtout depuis mon retour.

DDV – Une dernière question, quelle est votre conception du bonheur ?

« Le bonheur est dans l’instant. »

Laurent Artufel – c’est une question à laquelle je réfléchis assez régulièrement. Contrairement à ce que j’ai pu penser pendant de nombreuses années, le bonheur est très simple pour moi. Ça peut être juste prendre un café dans un lieu que tu aimes, entouré des gens que tu aimes. Le bonheur n’est pas un état permanent. Le bonheur est un moment. On peut être heureux 2 minutes dans une journée, ce qui est déjà bien. Le bonheur, ça peut être d’embrasser ta maman parce qu’elle est encore là. C’est parler au conducteur de tram que tu ne connais pas. Ce n’est pas un état permanent le bonheur. Le bonheur, c’est la beauté. Le bonheur est dans l’instant.