Publié le 26/04/2022

Le dernier ‘Christophe Alévêque’ – Un spectacle coup de poing ‘quasi-vital’ et régénérateur

« Je dis simplement tout haut ce que tellement de gens pensent tout bas. Et ça leur fait un bien fou. » Une fois de plus, l’humoriste engagé et fidèle au Toursky revient les 29 et 30 avril avec un spectacle hors norme et décapant dans lequel il explique à son fils de deux ans le monde d’aujourd’hui. Rencontre avec l’artiste !

Christophe aleveque interview humoriste

Tournée 2022 de Christophe Alévêque, l'humoriste s'arrête au théatre Toursky International à Marseille, pour son nouveau spectacle "coup de poing"

« Vieux con ! » le dernier spectacle de Christophe Alévêque

"Un hymne à la liberté"

On le dit cynique, il est tendre. On le dit fort en gueule, sans-doute, car il n’a pas la langue dans sa poche et ‘ça fait un bien fou’. ‘Il dit simplement tout haut ce que les gens pensent tout bas.’ Avec un œil acéré sur la société, Christophe Alévêque est tout simplement formidablement talentueux. Christophe Alévêque, dans ce nouvel opus, entre en lutte contre la mièvrerie, l’hypocrisie ambiante, le lissage de la pensée. Défenseur de la liberté, à l’esprit aiguisé, adepte du plaisir contre la censure, sa cible préférée est la tyrannie de la bienveillance qui n’a aucune limite. Lui non plus d’ailleurs.

Interview de Christophe Alévêque, artiste, humoriste, anarchiste ...

Danielle Dufour Verna/Projecteur TV – Vous êtes au Théâtre Toursky les 29 et 30 avril, un lieu que vous semblez affectionner particulièrement puisque vous y êtes venu souvent. Combien de fois ?

Christophe Alévêque – Oh là, je ne sais plus, je ne les compte plus ! C’est un peu ma maison.

DDV – Une histoire d’amitié ?

Christophe Alévêque – Oui, avant tout ! C’est une histoire d’amitié, de connexion dans les idées, de camaraderie. Je ne me verrais pas faire un spectacle sans aller jouer au Toursky.

DDV – C’est un nouveau spectacle qui va tourner ?

Christophe Alévêque – Que j’ai joué à Paris au Théâtre du Rond-Point en mars, avril, qui va commencer à tourner et qui va tourner encore l’année prochaine.

DDV – Et qui s’appelle ?

Christophe Alévêque – Il se nomme « Vieux con ! ».

DDV – Vous aviez écrit un livre, il me semble, avec plus ou moins le même titre.

Christophe Alévêque ‘L’éloge du vieux con moderne’. Le livre, c’est le spectacle en développé, en 250 pages, voilà. Je liste tout ce qui m’emmerde dans ce nouveau monde. Dans le spectacle, j’essaie d’expliquer dans quel merdier mon petit dernier a mis les pieds.

DDV – C’est un vrai petit dernier ?

« Je n’ai jamais entendu les gens rire autant pendant un spectacle. »

Christophe alévêque spectacle tournée 2022

Christophe Alévêque – Oui ! Dans le spectacle il a deux ans, mais dans la vraie vie il a cinq ans. Et c’est une question que je me suis vraiment posé. Le début du spectacle c’est cela, c’est « comment je vais lui expliquer le monde de maintenant. » Donc, c’est une réflexion à haute voix sur le monde d’aujourd’hui dans tout ce qu’il peut avoir évidemment de merveilleux et de magnifique. Pourtant, cela fait trente ans que j’en vends, mais je n’ai jamais entendu les gens rire autant pendant un spectacle. Je suis surpris. Je pense que c’est parce que je dis simplement tout haut ce que tellement de gens pensent tout bas. Et ça leur fait un bien fou.

DDV – On sort également d’une période d’enfermement, c’est un besoin ?

« La société est une cocotte-minute, l’humoriste vient appuyer sur le petit kiki pour qu’il y ait un peu de vapeur qui sorte. »

Christophe Alévêque – C’est plus qu’un besoin, je crois que c’est quasi vital et c’est là que l’humour joue vraiment son rôle. Je compare vraiment à cette image : la société est une cocotte-minute, l’humoriste vient appuyer sur le petit kiki pour qu’il y ait un peu de vapeur qui sorte avant que ça pète.

DDV –Vous avez un œil très acéré sur la société, l’actualité, la vie en général. Si je dis ‘la satire, le mordant ou l’insolence’. Lequel de ces trois mots vous caractériserait le plus ?

Christophe Alévêque – Un quatrième, la résistance.

DDV – Oui. Alors, deux mots sur la situation actuelle ?

« C’est surtout et avant tout un hymne à la liberté. »

Christophe Alévêque –Je l’évoquerai évidemment dans le spectacle mais c’est un spectacle très écrit. Ce n’est pas comme les revues de presse où j’improvise. Le vieux con d’aujourd’hui tel que je le vois, c’est un libre-penseur, et un libre-penseur à notre époque, c’est compliqué. Donc le libre-penseur a été transformé en résistant. Et puis c’est surtout et avant tout un hymne à la liberté.

DDV –Peut-on encore être libre ? Ne sommes-nous pas trop ‘formatés’ ?

Christophe Alévêque – C’est tout ce dont je parle. C’est cela, c’est la culpabilisation, les peurs entretenues, l’infantilisation, l’ordre moral, tout ce qui est en train de nous emmener tout droit dans le mur. J’essaie avec le spectacle de réveiller tout cela.

DDV – Si je comprends bien, vous étiez un esprit rebelle et vous l’êtes resté ?

« En fait, je suis profondément anar. »

Christophe Alévêque – Ah ben oui ! J’ai découvert finalement qu’au début quand j’étais jeune, j’étais anar et puis, je ne sais pas, j’ai mis ça de côté, j’ai oublié tout cela. Et en fait, je suis profondément anar.

DDV – Avec un côté très tendre, et humaniste, ce qui n’est pas, bien sûr, en opposition.

Christophe Alévêque – Oui, mais dans le spectacle, je mets la tendresse en évidence. Pour la première fois, à la fin du spectacle, je me livre. Humaniste, bien sûr, mais humaniste dans le bon sens du terme, pas de façade.

DDV – Vous êtes de Saône et Loire…

Christophe Alévêque – De Saône-et-Loire, Montceau-les-Mines !

DDV –Montceau-les-Mines, ville industrielle, ouvrière. Quelle a été votre jeunesse ?

« J’ai été élevé dans ce qu’on appelle maintenant la vraie vie. »

Christophe Alévêque – Montceau-les-Mines est une ville qui a été construite pour, exclusivement, la mine. Elle a fêté ses 150 ans il n’y a pas si longtemps. Donc j’ai été bercé là-dedans et j’ai connu aussi la fermeture des mines, le désastre, la fermeture de beaucoup d’usines. J’ai été élevé dans ce qu’on appelle maintenant la vraie vie.

DDV – Donc, ‘Germinal’, ça vous parle ?

Christophe Alévêque – Oui, oui. Dans la famille, un oncle mineur. Tout le monde avait dans sa famille quelqu’un qui bossait à la mine. Le grand-père l’a fait, donc moi j’ai été élevé là-dedans, c’était un univers de gens qui bossent, qui suent.

DDV –Marseille est une ville qui vous plait dans son contexte, sa diversité ?

« On prône une société multiraciale qui est en train de devenir multi raciste. »
« On devrait prendre exemple sur Marseille. »

Christophe Alévêque – Oui, j’adore venir à Marseille. C’est ça qui est merveilleux à Marseille. Dans le spectacle, c’est qu’on prône une société multiraciale qui est en train de devenir multi raciste. On devrait prendre exemple sur Marseille où le mélange et la mixité sont naturels.

DDV – Une dernière demande, quelle est votre conception du bonheur ?

« Le bonheur, je pense qu’on l’a mis de côté, on l’a oublié, le plaisir aussi. »

Christophe Alévêque – J’en parle beaucoup dans le spectacle, oui, oui, le bonheur, le plaisir, tout ce qu’on a oublié. Je pense que si on ne se met pas à philosopher, à réfléchir, on n’y arrivera pas. On a une fin de cycle et en fait le bonheur, je pense qu’on l’a mis de côté, on l’a oublié, le plaisir aussi.

DDV – Mais pour vous, votre conception ?

Christophe Alévêque – Le bonheur, ça doit être quelque chose de simple. Ma conception du bonheur, c’est de dire, faire et penser comme je l’entends. Pour moi, c’est cela le bonheur.