Publié le 21/05/2016

Les mécanismes de défense

Les mécanismes de défense sont des processus psychiques naturels qui tendent à réduire les tensions et les conflits internes.

 

 

Sigmund Freud fut le premier en 1894 à nommer tous les procédés dont se sert le Moi pour amoindrir ou neutraliser l’angoisse.

Nos défenses psychiques tentent de nous protéger des conséquences dramatiques des traumatismes (maltraitance, abandon, mort des proches etc..) mais elles sont aussi là pour trouver un destin à nos pulsions plus ou moins avouables ou supportables (pulsions sexuelles, pulsions morbides etc..).

Leur fonction de préservation de notre psychisme a une valeur positive en soi mais peut devenir négative.
En effet, les mécanismes de défense, utilisés de manière excessive et massive, conduisent à une altération de nos capacités à être en relation aux autres, posent un voile trompeur sur la réalité et nous éloignent de nous-même.

Ces défenses ne sont pas issues d’un choix conscient, le travail en thérapie permet de reconnaître celles que nous avons mises en place et qui sont devenues obsolètes. Une re-actualisation de nos modes de défenses améliore très sensiblement notre rapport au monde et nous amène à une nouvelle relation de soi à soi.

Voyons ensemble quelques-un des mécanismes de défense les plus répandus :

1) le refoulement

C’est un processus qui permet de rejeter les situations, souvenirs, affects pénibles ou traumatisants dans l’inconscient. Cela maintient en dehors de la conscience un contenu indésirable ou insupportable . Qui d’entre nous, n’a pas “oublié” un moment de son existence ? Parfois même, un pan entier de sa vie peut avoir été refoulé.
Ce qui a été refoulé reste toutefois très vivant et cherche toujours à s’infiltrer dans le champs de la conscience. Cela peut apparaître sous la forme de lapsus, de rêves, d’actes manqués mais aussi sous la forme de somatisation : le corps se met alors à parler.

2) la projection

La projection a pour vocation de poser sur une autre personne ses sentiments, ses pulsions, ses aspects négatifs.
Ce qu’il y a d’inacceptable en soi est projeté sur l’autre. Cette défense, si elle est trop massive, peut conduire à la paranoïa. En effet les pulsions de haine projetées sur l’autre transforme cet autre en persécuteur. Le travail thérapeutique vise à reconnaître et à intégrer nos projections et nous permettra d’éviter un grand nombre de difficultés relationnelles.

3) le déni

C’est le refus de reconnaître un fait ayant réellement existé, une manière de se mettre à distance d’une réalité trop brutale.
Le déni fait, par exemple, partie des étapes très souvent rencontrées dans le processus du deuil. Il est impossible, pendant un temps d’intégrer la mort d’un être aimé, d’intégrer l’annonce d’une maladie incurable, d’intégrer qu’un mari nous trompe depuis des mois.. Le déni est souvent un état passager, mais chez certains, il peut devenir une défense qui s’impose dans tous les événements de la vie.

4) le déplacement

Les phobies sont un exemple très parlant de ce qu’est un déplacement : une angoisse se pose sur un objet.
La phobie des araignées, la phobie scolaire, la phobie de l’avion trouvent leur source dans une angoisse non consciente. Le travail en psychothérapie cherche à trouver l’origine de cette angoisse, un lien existant entre la source et l’objet de répulsion.

5) les formations réactionnelles

La personne va adopter un comportement opposé à ses tendances inconscientes primaires. Par exemple : un adolescent qui ne peut intégrer ses pulsions sexuelles choisit une voie d’ascétisme, une personne qui a une agressivité massive inconsciente peut se présenter sous une gentillesse exagérée.
Les forces pulsionnelles, instinctuelles sont considérées par le patient comme inacceptables : il choisit une voie opposée. La thérapie propose d’accepter notre nature paradoxale et d’examiner de plus près de quoi nous sommes fait.

6) la régression

La personne cherche à réguler ses tensions en adoptant un comportant appartenant au passé. En cas de difficultés, nous pouvons “régresser” à l’état d’enfant, un enfant très vulnérable qui attend un parent sauveur qui réparera la situation actuelle. Et pourtant nous sommes des adultes possédant des ressources acquises au fil du temps .

 

7) l’intellectualisation

Dans ce processus, la personne reconnaît intellectuellement ses affects mais ne ressent pas grand chose.
La capacité d’élaborer sur ses conflits intérieurs existe et une distance avec l’émotion rend les dits-conflits supportables. Un travail, dans ce cas, sur l’émergence de ses émotions est nécessaire.

8) la rationalisation

La rationalisation permet de trouver des raisons extérieures à soi pour expliquer ses difficultés, ses échecs.
Les justifications sont logiques mais visent à poser la responsabilité à l’extérieur de soi : “c’est pas ma faute, je n’ai vraiment pas de chance.” Cette défense empêche une transformation car une remise en cause personnelle est difficile.

La liste des mécanismes de défenses propose une trentaine d’aspects différents. La liste ci-dessus n’est donc pas complète mais reflète ce qui est le plus souvent rencontré dans les cabinets de thérapie.

Ne perdons pas de vue que nos mécanismes de défense ont pour but de réguler notre psychisme.
Ils agissent pour notre bien dans un premier temps. Nous projetons tous, nous refoulons tous et grand merci à la Nature de nous avoir fait ainsi.
Toutefois, ils peuvent entraver notre croissance personnelle et il est bon de s’interroger sur leur utilité aujourd’hui.

 

Nathalie Delalande

Psychothérapie analytique

(Orientation existentielle et analytique)