Publié le 13/02/2017

“Une chanson douce”, de la région PACA à la Guadeloupe, la soprano Magali Léger au festival “Les Nuits Caraïbes”

Magali Leger soprano - Festival les nuits Caraibes

Les liens musicaux sont étroits entre la Région PACA et la Guadeloupe. Le festival de musique classique Les Nuits Caraïbes ne s’est pas trompé en invitant la soprano Magali Léger qui s’était fait remarquée avec ovation en 2014 à l’Opéra du Grand Avignon dans le cadre du festival “Musique Baroque en Avignon” et également en rendant un vibrant hommage à Henry Salvador à l’occasion du centenaire de sa naissance.

Enfant d’une famille guadeloupéenne, il partira très jeune tenter sa chance à Paris. Il fuira en 1941 la France occupée et trouvera refuge à Nice puis Cannes où il est remarqué par Ray Ventura. Cette rencontre marquera le début d’une brillante carrière avec en 1948 son premier grand succès : “une chanson douce” sur un air de Biguine.

Les Nuits Caraïbes, un festival de musique classique en Guadeloupe

Créé voici 15 ans, le Festival des Nuits Caraïbes consacre du 4 au 18 février cette édition anniversaire au mélange des expressions musicales en organisant 10 concerts en Guadeloupe et Martinique dans des lieux insolites hors des sentiers touristiques traditionnels.

Imaginé par Bernadette Beuzelin, ce festival a été pendant de très nombreuses années la seule manifestation dédiée à la musique classique en Guadeloupe. Devant son succès, sa créatrice a souhaité en étendre son rayonnement sous d’autres îles des Antilles Françaises dont la Martinique et Marie Galante, pour le plus grand plaisir des mélomanes en quête d’authenticité et de flânerie dans des habitations typiquement créoles de toute beauté.

La musique de chambre

Le concert d’ouverture du samedi 4 février à l’habitation Maud’huy de Saint François, a été placé sous le signe de la musique de chambre avec Michel Lethiec à la clarinette, Gwendal Giguelay au piano et Hildegarde Fesneau au violon. Le choix artistique du programme était en adéquation avec le charme envoûtant de cette habitation traditionnelle, avec sa grande galerie où surplombaient les musiciens devant un large public. Les trios de Piazzola, Mozart ou Saint-Saens ont su nous émouvoir, tout comme la sonate de Francis Poulenc pour Clarinette et piano créée en 1963, et jouée quelques semaines après la mort de son auteur par Leonard Bernstein et Benny Goodman au Carnegie Hall de New York.
Un concert d’une grande sensibilité donné par d’excellents artistes qui ont voulu nous faire partager leur plaisir de jouer en formation de chambre.

La musique traditionnelle russe

Le dimanche 5 février, nous avons découvert un autre lieu hors du temps, classé aux Monuments Historiques et patrimoine de la commune de Bouillante, l’habitation de l’Ermitage. Ce lieu magique est situé sur les hauteurs de cette commune de la Basse Terre, proche de Baillif où est né au 18ème siècle un musicien remarquable, le chevalier de Saint- Georges, seul compositeur d’origine antillaise aujourd’hui répertorié à l’UNESCO. Le programme du concert a été consacré à la musique traditionnelle russe, avec Micha Tcherkassky au balalaïka, Anna Tcherkasskaïa au piano et Marie-Sabine Clemençon, jeune soprano guadeloupéenne au talent prometteur.
Tout comme le public, nous avons été séduit par la qualité artistique du programme et des interprètes, mais également par l’excellente acoustique du lieu avec ses pièces et ses galeries en bois de rose et d’acajou, dans un cadre magique proche de la rivière Thomas où fleurissent en toute liberté de magnifiques orchidées.

Les rythmes antillais

Le vendredi 10 février au Lamentin un vibrant hommage a été rendu à Jacques Prévert et Henri Salvador pour le centenaire de sa naissance.
De retour à Paris après la guerre Henri Salvador participe activement à la promotion des rythmes antillais en particulier au cabaret la canne à sucre dans le 15ème arrondissement avec de nombreux artistes d’outre-mer dont Gérard La Viny et Emilien Antile.
En petite formation de chambre, Michel Lethiec à la clarinette, Gwendal Giguelay au piano, Hildegarde Fesneau au violon et Louis Rodde au violoncelle ont interprété brillamment des œuvres de Gershwin, Piazzola ou Fauré. Le spectacle a été ponctué par des interventions du comédien Alain Carré et de la comédienne Stéphanie Leclef qui ont joué avec talent des textes de Jacques Prévert.

Enfin, Magali Léger célèbre soprano, élève de la cantatrice Christiane Eda-Pierre et originaire de Guadeloupe, a prêté avec grâce sa participation pour la plus grande joie des auditeurs séduits par sa voix exceptionnelle, en particulier dans l’interprétation des “Feuilles mortes” sur des paroles de Jacques Prévert et une musique de Joseph Kosma et “Une chanson douce” sur des paroles de Maurice Pon et une musique d’Henri Salvador.
Une soirée empreinte de charme, ovationnée par une nombreuse assistance.

Ballade avec Magali Léger et Alain Carré au coeur du patrimoine culturel de la Guadeloupe

Le samedi 11 février, l’habitation Néron au Moule a ouvert ses portes au public pour nous faire découvrir un lieu inscrit au Patrimoine Culturel de la Guadeloupe. Située sur les terres de l’habitation, la chapelle Néron a été construite par les nouveaux propriétaires dès l’acquisition du domaine en 1933 et elle offre aujourd’hui un lieu plaisant pour des manifestations culturelles. Bernadette Beuzelin y a vu le jour, aussi est-ce avec une réelle émotion qu’elle a organisé pour cette dernière journée du festival en Guadeloupe deux concerts.

Les musiciens, Alain Carré et Magali Léger ont prêté avec enthousiasme leur concours à ces deux événements de grande qualité. Les artistes ont été remarquables et nous avons été particulièrement impressionnés par le brio d’Hildegarde Fesneau, transfigurée, qui a reçu avec spontanéité un “standing ovation” du public ébloui par son interprétation des principaux thèmes musicaux de Bizet pour Carmen.

Une soirée qui restera dans nos mémoires, une magnifique réussite pour sa directrice qui se bat avec passion depuis des années afin de prouver que la musique classique a bien toute sa place dans le paysage culturel antillais.

Un festival sous le signe de la recherche d’authenticité, avec la volonté qu’aime à nous faire partager sa créatrice,Bernadette Beuzelin “Ces programmes vous entraineront dans un tourbillon de notes et d’émotions qui vous mettrons le cœur en joie”.

Indéniablement le niveau artistique et la réussite de ce festival le prouvent !  www.nuits-caraibes.com